AFPS Nord Pas-de-Calais CSPP

   

Chroniques de Gaza

Culture de paix

par Ziad Medoukh 
Professeur de français à l'université Al-Aqsa de Gaza

21 janvier 2004

Depuis le début du processus de paix entre Palestiniens et Israéliens, on a remarqué que dans les deux pays l'espoir a été présent; et que les deux peuples avaient raison dans leurs espérances, car dans la situation de conflit, voire de guerre, vécue dans notre région, toute négociation politique et tout accord de paix signé par les deux côtés constitue un espoir surtout pour la population civile qui souffre le plus de cette situation de guerre, de violence et d'occupation. Avec toute la bonne volonté des deux parties de négocier, de signer des accords de paix, et de montrer que la paix reste la seule solution populaire contre la guerre, la haine et l'injustice.

Mais l'aspect qui a été absent de tous les accords signés, c'est un élément de base: la culture de paix a été quasi absente dans les deux sociétés, palestinienne et israélienne. Avant, pendant et après la signature de tous les accords de paix entre les Palestiniens et les Israéliens depuis Madrid, Oslo, Taba, la Feuille de route et, récemment, Genève, la diffusion des principes de la paix, de la tolérance, de la vie ensemble n'ont pas été diffusés dans les écoles, les villes, ni surtout dans la mémoire des deux peuples.

Et les résultats sont là: des morts, de la haine, de l'injustice, de violence, de l'occupation, de l'humiliation et un désespoir total.

Oui, c'est la vérité: la culture de paix a été oubliée. On ne peut pas imposer la paix, la paix est une conviction, c'est un processus; c'est la valeur humaine la plus demandée partout dans le monde... Comment peut-on parler de négociations israélo-palestiniennes sans que les professeurs et les éducateurs, mais surtout les élèves palestiniens et israéliens, soient conscients de leur avenir qui n'existe que dans la paix.

La paix est avant tout un choix populaire. Il faut impliquer les deux populations dans ce processus de paix, et non les impliquer dans une logique de guerre et de violence. Plutôt que de diffuser dans les médias palestiniens et israéliens les images des morts, des blessés, de la violence, il faut parler de l'avenir, de l'espoir et de la paix.

Et les manuels scolaires palestiniens et israéliens, est-ce qu'ils préparent le terrain à cette paix, créent-ils une atmosphère de paix dans les deux sociétés? Je ne le pense pas. Déjà, dans les manuels scolaires israéliens, le mot «Palestine» n'apparaît pas. Comment voulez-vous créer une génération de paix sans parler de cette paix dans les cours et les classes en Palestine et en Israël? Avec cette particularité palestinienne que les Palestiniens sont occupés et qu'ils rêvent de vivre en liberté et en paix, et que pour conquérir cette liberté et cette paix, il faut résister en se basant sur le droit international.

Le moment est venu de promouvoir une culture de paix en Palestine et en Israël. Il faut que la population civile des les deux pays soient impliquée dans chaque processus de paix afin d'éviter les échecs permanents de tous les accords signés entre les deux parties, et pour assurer l'application de tous ces accords d'une façon juste et durable.

Quand un soldat israélien tue des enfants et des femmes palestiniens innocents, c'est un indice de l'absence de culture de paix; et quand un militant palestinien désespéré attaque un bus civil israélien, c'est lié à une absence de culture de paix.

La communauté internationale a un rôle à jouer dans ce processus de paix, qui devrait commencer par la diffusion de la culture de paix dans les deux sociétés. Les pays donateurs doivent encourager la création d'écoles et de centres de paix en Palestine et en Israël, le financement de projets qui impliquent les sociétés civiles des deux pays et aident à développer les principes de la démocratie, des droits de l'Homme et de la paix au travers d'une participation populaire très large dans toute activité culturelle, économique et humanitaire dans les deux sociétés.

La paix est une demande populaire avant tout, c'est pour cela qu'il faut préparer les deux peuples à vivre ensemble en paix, en sécurité, dans une atmosphère de confiance et de justice.

L'éducation et l'information sont les deux domaines qui pourront influencer les choix du peuple, donc il faut que les éducateurs en Palestine et en Israël, et les médias dans les deux pays, prennent leurs responsabilités et essayent d'instaurer une nouvelle donnée sur le terrain: celle d'encourager et d'inciter la paix dans les deux sociétés, car pour les deux peuples et malgré la situation difficile qu'ils vivent, la paix vaut mieux que la guerre.

Travaillons tous ensemble pour réaliser la paix dans notre région, mais avant tout essayons d'encourager une culture de paix qui sera la base de toute application simple d'un processus de paix très attendu dans une région très particulière.

Ziad Medoukh
E-mail :
ziadmedoukh@hotmail.com

Source Solidarité Palestine

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