AFPS Nord Pas-de-Calais CSPP

   


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25 février 2005

Il faut couper l'oxygène de l'argent au conseil des colons
par Nehemia Strasler

Selon le conseil des colons de "Yesha", qui représente les colonies de
Judée, de Samarie et de la bande de Gaza, ce que nous avons vu n'est qu'une
douce entrée en matière par rapport à ce à quoi nous pouvons nous attendre
dans les prochains mois. Il prévoit de créer une "armée de résistance", qui
paralyserait le trafic dans tout le pays, et qui forcerait Tsahal et la
police à se rendre et à déclarer : évacuer est impossible.

Pour affronter l'état-major de l'armée, ils vont créer un état-major de leur
cru : un département "opérations" initiera et dirigera les manifestations et
les meetings, un département "logistique" s'occupera du transport des
milliers de manifestants vers leurs lieux de destination, un département
"renseignement" collectera des informations sur les mouvements de la police
et de l'armée, et, bien sûr, un département "information" s'occupera des
médias.

Le conseil de Yesha, dont le nom est trompeur, travaille sur tout cela. Le
conseil n'est plus un conseil régional, mais une organisation de volontaires
qui a remplacé le Goush Emounim (mouvement des colons, à l'origine). Il
s'agit d'une association privée à but politique, exactement comme Shalom
Arshav (La Paix Maintenant), mais avec une différence de taille : les
énormes ressources à sa disposition.

Lorsque le conseil de Yesha organise une manifestation, il n'a aucun
problème à mobiliser des participants. La plupart des gens ont un emploi et
qui veulent participer à une manifestation pendant la journée ne peuvent pas
le faire. Leur employeur ne leur permettrait pas un jour " de grève", qui
leur serait de toute façon déduit de leur salaire. Vela est d'autant plus le
cas quand l'action dure pendant plusieurs semaines.

Ce genre de difficulté n'existe pas dans les territoires. La plupart des
gens qui y résident n'ont pas de problème d'absentéisme. La plupart
travaillent pour l'autorité locale, pour des institutions ou des
associations liées à cette autorité, pour des ministères et des services de
sécurité, et ils se mobilisent tous. Par exemple, le nombre de colons qui
travaillent dans l'éducation dans les territoires est le plus élevé du pays
: 21% (!) des salariés. Inversement, le nombre de ceux qui sont employés
dans l'industrie est le plus bas du pays.

Récemment, les colons ont annoncé que, lorsqu'ils partaient manifester pour
plusieurs jours, les crèches restaient ouvertes 24h/24. Les conseils locaux
couvrent les horaires supplémentaires et d'autres dépenses. D'où vient
l'argent ?

Les ressources principales du conseil de Yesha proviennent des villes et des
autorités locales des territoires. La contribution de Beitar Illit, par
exemple, a été de 430.000 shekels l'année dernière. Le conseil régional du
Mont Hebron a remis 231.000 shekels. Argent que ces autorités reçoivent de
différents ministères. En d'autres termes, le gouvernement subventionne la
lutte contre lui-même.

De plus, les organisateurs des manifestations bénéficient d'une énorme
assistance logistique de la part des autorités locales. Leurs bus jaunes
sont à la disposition des organisateurs, et ils fournissent aussi les
générateurs, les tentes, etc.

A quoi peut-on comparer cela ? Ce serait comme si le maire de Tel-Aviv, Ron
Huldai, décidait de transférer une partie du budget municipal, plus une
assistance logistique, en faveur de l'action de Shalom Arshav. Ce qui est
manifestement impossible. Shalom Arshav doit même payer à la municipalité
l'utilisation de la place Rabin pour une manifestation.

Il y a dix ans, Haim Greenberg avait saisi la Cour suprême pour cette
situation absurde. A l'époque, la procédure concernait le conseil régional
de Katzrin, sur le plateau du Golan, et affirmait que celui-ci (avec
d'autres) subventionnait la campagne "La Nation est avec le Golan" sans
aucune légitimité pour le faire. La loi autorise les autorités locales à ne
se porter responsables que pour le bien-être de leurs habitants dans les
domaines économique, social et culturel, et non à traiter de problèmes
politiques de portée nationale.

La procédure fut rejetée. Deux juges ont dit que l'action des conseils
locaux pouvait être justifiée même quand elle concernait des questions
nationales, si celles-ci les affectent personnellement. Mais le juge Dalia
Dorner a exprimé une opinion minoritaire en affirmant que les conseils
locaux ne pouvaient légitimement subventionner une action politique contre
le retrait du Golan, parce qu'ils ne sont pas l'Etat, et que leur fonction
est d'assurer "des services municipaux" et non de s'occuper d'"affaires
nationales".

Dalia Dorner se fondait sur une opinion rédigée par ni plus ni moins que le
Procureur général d'aujourd'hui, Menahem Mazouz, qui était à l'époque
procureur général adjoint. Il écrivait que "les décisions concernant
l'avenir du Holan [étaient] clairement une question politique d'intérêt
national, qui affecte le public dans sa totalité, et non une question locale
des résidents de Katzrin".

Récemment, Shalom Arshav a saisi ka Cour suprême contre les conseils
régionaux des territoires qui contribuent à financer la campagne contre le
désengagement. Mazouz n'a pas changé d'avis. Aujourd'hui, en tant que
procureur général, il a affirmé à la cour que l'approche de Dalia Dorner
était la bonne, et que l'Etat ne s'opposait pas à ce que la cour impose aux
conseils qu'ils stoppent le financement de la résistance au désengagement.

Quand George Bush a décidé de combattre les islamistes fondamentalistes qui
étaient derrière les attentats du 11 septembre, il a pisté l'argent. Il a
cherché l'origine de l'argent qui parvenait sur les comptes bancaires de ces
organisations, et a fermé le robinet à oxygène, asphyxiant ainsi le
fondamentalisme extrémiste.

Le gouvernement israélien est plus délicat, plus respectueux, plus peureux.
Il continue à financer la guerre contre lui avec son propre argent. Le
Premier ministre Ariel Sharon permet au plan destiné à l'abattre d'être payé
via le budget de l'Etat. C'est le comportement d'un Etat de Chelm (1). Il
faut bloquer l'argent.


(1) dans le folklore juif d'Europe de l'Est, un habitant de la ville de
Chelm est par définition un imbécile.


Source : La Paix Maintenant
Site web de La Paix Maintenant (France) : http://www.lapaixmaintenant.org/
Contacter/Adhérer à La Paix Maintenant :
http://www.lapaixmaintenant.org/contacts

 

Ce texte n'engage que son auteur et ne correspond pas obligatoirement à notre ligne politique. L'AFPS 59/62,  parfois en désaccord avec certains d'entre eux, trouve, néanmoins, utile de les présenter pour permettre à chacun d'élaborer son propre point de vue."

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