Retour

 

Lundi 15 mai à la MRES à Lille

soirée « Solidarité avec le peuple palestinien »

à l’occasion du 75ème anniversaire de la Nakba

organisée par PalMed et l’UJEAE (Union des journalistes et des écrivains arabes en Europe)

 

 

Cette soirée, programmée un peu tard, a réuni une quarantaine de personnes autour de PalMed et l’UJEAE et diverses associations dont l’Association des Palestiniens du Nord, Humani’Terre, CAPJPO, Villeneuve d’Ascq-Beit Lahya, AFPS 59/62 et Amitiés Lille-Naplouse.

 

Mohammad Salem, responsable de PalMed, a introduit les échanges en commençant par un mot de bienvenue. Après l’Hymne national palestinien et une courte vidéo explicitant la « Nakba », Ali Merabi, responsable de l’UJEAE, tout juste arrivé de Paris, entra dans le vif du sujet en rappelant (en français et en arabe) les 75 ans passés depuis le 15 mai 1948.

 

Marie-Elise de l’AFPS 59/62 prit le micro à sa suite pour une intervention doublée d’un diaporama dans le but de mettre en lumière l’attachement et l’appartenance des Palestiniens à leur terre depuis la nuit des temps, comment ils ont été attaqués, écrasés, chassés de chez eux (avec cette date-clef du 15 mai 48) et comment les usurpateurs se sont fait un Etat en déni des droits des propriétaires légitimes. Et la dynamique de cette Nakba ne s’est jamais arrêtée…

 

Ce fut alors le tour de Dominique de l’ALN pour exposer le voyage d’adhérents en Cisjordanie le mois dernier.

 

Avant la pause musicale, un militant irakien de Belgique a tenu à exprimer sa solidarité.

Ensuite, le docteur Badran, précédent président de PalMed, est intervenu pour présenter son dernier livre et en lire un poème (« Palestine, terre de raisins et d’olives ») en français et en arabe.

 

M.Salem et A.Merabi nous avaient préparé une belle surprise : ils ont rendu un hommage solennel à 4 anciens militants de la Cause de la Palestine dans notre région : Rudolf Bkouche,  Bernadette Faliu, Nabil el-Hajjar et Jean-François Larosière.

 

Enfin, les divers intervenants se réunirent sur scène pour répondre aux questions. En fait, on demanda surtout aux 2 « français », Dominique et Marie-Elise, d’expliquer comment ils en étaient venus à soutenir la Palestine.

Marie-Elise en a profité pour parler du rendez-vous du 6 juin où le drapeau palestinien sera levé sur la mairie de Lille pour l’anniversaire du jumelage entre la ville et Naplouse. Mireille, présidente de l’AFPS 59/62, prit alors la parole pour en parler et élargir le sujet avec les différentes actions que nous proposons.

 

Et tout se termina autour des stands et du buffet dans une atmosphère chaleureuse.

 

 

 

 

2023-05-15AffichePalmed.jpg

 

 

 

b44d437b79aea9f47abff45d74f8120d.fixed.png

 

 

 

 

 

LUNDI 15 MAI 2023, 75 ans de Nakba

Par Marie-Elise de l’AFPS 59/62

 

 

Il était une fois, 3.000 ans avant JC, une contrée appelée «Canaan » dans la région du « Croissant fertile » à la croisée des routes entre l’Anatolie, la Mésopotamie, l’Afrique et le désert au sud. Une contrée déjà habitée depuis 9.500 ans ! Une contrée à la géographie et au climat si variés qu’elle a produit une flore et une faune exceptionnelles. Ceux qui y vivaient et se nourrissaient de ses prodigalités ont acquis la conscience d’appartenir à cette terre. Il y coulait « le lait et le miel » et le « Cantique des Cantiques » résonnait dans ses collines. Par un lien sacré avec sa terre, ce peuple a forgé des traditions et bâti des sanctuaires qu’il a entretenus pendant des millénaires et la terre de Palestine est devenue la « Terre sainte » d’un peuple duquel se sont levés « les prophètes ».

Vu l’intérêt de la zone, le pays a connu des invasions successives: Égyptiens, Grecs, Phéniciens, Assyriens, Babyloniens, Perses, Romains… mais la Palestine sut rester fidèle à elle-même et son peuple a préservé et entretenu ses traditions et sa culture à travers les siècles et les siècles…

 

Vers la fin du 19ème siècle, des individus venus des 4 coins du monde, jetèrent leur dévolu sur ce territoire béni qu’ils convoitaient pour se l’approprier. Leur projet devint « l’entreprise sioniste » dotée de moyens performants de domination : la force militaire dont des milices, la force financière, la force politique et diplomatique, l’aide des puissants du monde…

Le train de l’usurpation de la Palestine était lancé sur ses rails alors que le pays se modernisait. Les Palestiniens prirent conscience de la menace de ceux qui s’étaient faits leur ennemi et s’organisèrent pour une « lutte nationale ». En 1936 leur résistance au processus d’envahissement sioniste se généralisa et s’amplifia.

Les sionistes profitèrent du soutien anglais pour s’imposer et prétendre à un soi-disant droit sur le territoire pour établir un « état » nommé « Israel » qu’ils décidaient destiné aux seuls Juifs du monde entier !

Leur slogan « une Terre sans peuple pour un peuple sans terre » n’était pas une réalité mais leur plan d’action : se débarrasser de la population autochtone légitime et récupérer un maximum de terrain. Mensonges pour faire croire qu’avant « eux » il n’y avait « rien »…

 

1948 : étape d’une légitimation internationale du projet d’usurpation doublée d’une guerre généralisée contre le pays et son peuple. A l’attaque ! Les tueurs/violeurs/voleurs passent à l’œuvre.

Sous la violence des événements (terreur, fausses nouvelles, menaces, intox, troubles, combats, dizaines de massacres…), le peuple est mené à chercher à se protéger et les usurpateurs parviennent, dans le territoire qu’ils envahissent, à chasser 85% des habitants non-juifs de leurs domiciles. Nettoyage ethnique : l'occupation israélienne prend le contrôle de 774 villages et villes palestiniens, dont 531 sont complètement détruits, les villes sont pillées, les riches bibliothèques confisquées, les vieilles demeures squattées…

Les tout nouveaux « Israéliens » déclarent alors leur « état » et se font reconnaitre à l’ONU moyennant la promesse d’appliquer la résolution 194 qui exige du nouvel état le retour des réfugiés : car sur une population totale de 2 millions de Palestiniens, 957.000 sont déplacés de leurs villages et villes d'origine, privés de leur maison, de leur terre, de leurs vergers, de leurs champs, de leur entourage, de leur air… et transformés en « réfugiés ». Des réfugiés apatrides, parqués dans des camps de l’UNRWA à la charge de la charité internationale car Israel refuse catégoriquement la résolution 194, pourtant la condition de sa reconnaissance et son admission parmi les nations…

Mensonge des nations : aucune volonté internationale de faire appliquer cette résolution 194 du « droit au retour » (ni aucune autre en faveur des Palestiniens d’ailleurs), au contraire, les sionistes profitent du soutien et de la protection des puissants juste capables d’exprimer des « inquiétudes » ou leurs « regrets ».

75 ans après, le déni israélien est le même et ce sont 6,4 millions de réfugiés qui sont contraints à vivre loin de chez eux et à ne pas être enterrés dans la terre à laquelle ils appartiennent. Ils attendent toujours de rentrer en possession de leurs biens. Notons que les ¾ des 2 millions d’habitants de la bande de Gaza appartiennent à cette catégorie de Palestiniens. Notons aussi que ce sont souvent les Palestiniens des camps en Cisjordanie et à Gaza qui constituent le fer de lance du Mouvement National.

 

En fait, la Nakba, fixée au 15 mai 1948, n’est pas un fait isolé car la dynamique du projet sioniste ne s’est pas arrêtée. Toute une série de mesures et d’actes ont contribué à poursuivre la récupération de la terre et l’élimination de la population autochtone légitime. En 1967, une nouvelle étape d’invasion et d’occupation cause une seconde vague de transformations de 200.000 citoyens en réfugiés.

Le train de la Nakba a continué sur ses rails et la dépossession de la Palestine se poursuit année après année. Pourquoi se seraient-ils contentés de leur forfait initial ? Qui les dénonce, les accuse, les sanctionne? Au contraire, ils sont protégés et la persécution du peuple palestinien est toujours d’actualité en Israel et ailleurs.

Par qui ? L’armée, la police, les services secrets, l’appareil législatif, l’appareil judiciaire, la hasbara, les colons, la population israélienne, les lobbys… Où ? Partout où se trouvent des Palestiniens: en Cisjordanie dans les campagnes, les villages, les villes, les camps, à Jérusalem, à Gaza, en Israel contre les Palestiniens de l’Intérieur, dans la diaspora…Comment ? Des expropriations, des vols, des destructions, des incursions armées, des meurtres, des emprisonnements (d’enfants, de femmes), la détention des corps des martyrs, la torture, les harcèlements, les discriminations, le comportement raciste, l’appropriation des sanctuaires, la séparation des familles, l’exploitation des travailleurs, des blocus, des massacres, des pogroms, des censures… un contrôle de l’eau, des routes, de l’enseignement… l’usurpation des lieux, des sanctuaires, de l’histoire, des souvenirs, de la culture et même la cuisine…

 

Des chiffres selon les dernières statistiques officielles: Plus de 100.000 martyrs depuis la Nakba, plus d'un million d'arrestations depuis 1967, 4.900 prisonniers actuellement, 483 sites coloniaux et bases militaires en Cisjordanie, l'occupation exploite directement 76% de la zone C de la Cisjordanie. Pour l’année 2022 seule en Cisjordanie : approbation de 70 plans coloniaux pour 10.000 nouveaux bâtiments, plus de 8.700 attaques des militaires et des colons contre la population, 378 démolitions qui ont touché 953 installations …

 

Mais le peuple palestinien sait d’où il vient et ne lâche pas prise, confiant dans ce qu’il est et ce qui lui appartient, ses valeurs et ses droits ! Coriace, patient, confiant, intransigeant malgré la persécution et la torture qu’on lui inflige. Et le peuple palestinien poursuit sa lutte pour recouvrir ses droits inaliénables malgré les soubresauts du Mouvement National Palestinien et les vicissitudes de l’OLP.

 

Je tiens à dédier mon intervention de ce soir à mes beaux-parents et mes anciens élèves. Mes beaux parents du village de Alma en Galilée, réfugiés palestiniens de 1948, maintenant enterrés, apatrides, à Rachidyeh, camp du Liban. Mes anciens élèves de l’école francophone de l’UNRWA à Saida au Liban, réfugiés et enfants de réfugiés palestiniens.

 

Et je voudrais demander 1 minute de silence pour tous ces gens dépossédés, humiliés, jetés sur les routes pour survivre en territoire étranger avec l’aide internationale et finir dans des cimetières éparpillés dans le vaste monde. Je ne pense pas seulement à ceux qui sont honorés du titre de « martyrs » mais à tous les réfugiés palestiniens et en particulier aux parents de ceux qui se trouvent dans cette salle ce soir, ainsi qu’aux derniers martyrs des bombardements sur Gaza la semaine dernière…

 

 

 

IMG-20230515-WA0015.jpg

Une partie des intervenants et de l’assistance

 

 

Retour