Après 470
jours de guerre, 58 jours de trêve et au 25ème jour du retour de la guerre génocidaire
israélienne, on dénombre plus de 166.761 martyrs et blessés à Gaza.
A Gaza,
les Forces d’Occupation Israéliennes ont assassiné au moins 50.886
Palestiniens dont 70%
de femmes et d’enfants, on y compte plus de 115.875 blessés, 11.000
personnes disparues, et 2.000.000 citoyens déplacés.
En Cisjordanie dont Jérusalem, on dénombre 954 martyrs dont 193
enfants, plus de 7.000 blessés, 16.400 personnes
arrêtées
(dont 510 femmes et 1.300 enfants) et 40.000
citoyens déplacés.
L’arrivée au pouvoir de Donald Trump a marqué un tournant
pour la Palestine, non pas parce qu’il a été le premier président
américain à se ranger du côté de l’agression israélienne, mais parce
qu’il l’a fait sans détour.
Son administration a abandonné les façades diplomatiques,
encourageant Israël à agir avec encore plus d’impunité tout en signalant
au monde que la souffrance des Palestiniens ne justifiait même plus une
préoccupation rhétorique.
Avec Trump, le masque a été arraché, révélant la réalité crue et
sans honte de la complicité des États-Unis dans les crimes d’Israël.
Aujourd’hui, nous assistons à une répression sans précédent du
militantisme pro-palestinien en Occident, en particulier dans les
universités américaines, où les étudiants qui osent dénoncer les
atrocités israéliennes sont victimes de harcèlement, de dénonciation en
ligne et de menaces juridiques.
La solidarité elle-même est criminalisée, tandis que les
partisans d’Israël promeuvent sans vergogne la « Riviera de Gaza
» comme un fantasme dystopique : une bande de terre colonisée et
dépeuplée, nettoyée de ses habitants, en attente d’investisseurs
étrangers.
Il ne s’agit pas de développements isolés ; ce sont les
symptômes d’un projet plus vaste et plus dangereux d’effacement de
l’histoire, encouragé par la complicité mondiale et le silence
assourdissant de ceux qui prétendent défendre les droits de l’homme.
Ce changement a désillusionné de nombreuses personnes qui
avaient autrefois placé leur confiance dans le droit international et les
institutions des droits de l’homme. Pourtant, il a également mis en
lumière une vérité essentielle : la lutte pour la Palestine n’a jamais
dépendu de la bonne volonté des gouvernements, mais a toujours reposé sur
la persévérance des gens ordinaires qui refusent de détourner le regard.
L’histoire nous enseigne que lorsque les voies officielles
échouent, les mouvements populaires deviennent la dernière ligne de
défense contre la tyrannie.
Si les oppresseurs redoublent d’efforts, nous devons faire de
même. S’ils tentent de nous intimider, nous devons élever la voix. S’ils
essaient de rendre la solidarité coûteuse, nous devons la rendre
inarrêtable. S’ils croient pouvoir réécrire l’histoire en réduisant au
silence ceux qui disent la vérité, alors notre tâche est de l’ancrer
encore plus profondément dans la conscience publique.
Une solidarité plus que jamais nécessaire
dans les moments de faiblesse
Il y a un désir compréhensible de victoires, de quelque chose
de tangible pour prouver que nos efforts comptent. Il est facile de
soutenir une cause lorsqu’elle est gagnante.
Lorsque les boycotts gagnent du terrain, lorsque les
politiciens changent de discours, lorsque les manifestations de masse
semblent inverser la tendance, c’est à ces moments-là que les gens se
précipitent pour être du bon côté de l’histoire.
Mais le véritable test de la solidarité ne se produit pas
dans les moments de triomphe, mais dans les moments d’épuisement, lorsque
le désespoir menace, lorsque la lutte semble vaine.
Aujourd’hui, alors que le monde est témoin d’un génocide en
temps réel, que les gouvernements répriment ceux qui refusent de se taire
et que les grands médias poursuivent leur campagne de culpabilisation, de
déformation et de déshumanisation, c’est précisément le moment où la
fermeté est la plus importante.
La véritable solidarité consiste à se montrer lorsque les
caméras sont éteintes, lorsque les victoires sont rares, lorsque la voie
à suivre n’est pas claire. L’oppression ne s’arrête pas lorsque le monde
s’en désintéresse, pas plus que notre résistance.
L’absence de succès immédiat ne signifie pas l’échec. Cela
signifie que la lutte est à son stade le plus crucial, exigeant un
engagement plus grand, des stratégies plus acérées et une conviction
inébranlable que la justice n’est pas une question de hasard mais de
volonté collective.
Le coût émotionnel de la solidarité
Être solidaire de la Palestine, c’est être témoin, jour après
jour, d’un cycle incessant de brutalité. C’est absorber les images de
maisons bombardées, de corps mutilés, de familles anéanties en un
instant. C’est supporter le poids de l’hypocrisie, en voyant les
dirigeants occidentaux parler des droits de l’homme d’une seule voix tout
en armant l’apartheid de l’autre.
Ce n’est pas facile. Les militants et les défenseurs de la
Palestine sont confrontés à de réels risques d’épuisement, de fatigue
émotionnelle et de désespoir. L’énormité de l’injustice – les trahisons,
les hypocrisies, l’ampleur des souffrances – peut être paralysante,
surtout pour les nouveaux venus dans le mouvement.
C’est pourquoi la solidarité ne peut pas être alimentée
uniquement par l’indignation réactive. Elle doit être soutenue par la
connaissance, la communauté, la pensée critique et une vision à long
terme.
Ceux qui sont engagés dans ce combat depuis des années
doivent soutenir les nouveaux venus, non seulement en leur fournissant
des informations, mais aussi en les guidant pour qu’ils puissent
supporter le poids psychologique de cette lutte.
Les groupes de solidarité doivent cultiver plus que la simple
résistance ; ils doivent favoriser les espaces de dialogue, d’empathie
révolutionnaire et de guérison. Sans cela, les mouvements se fracturent
et l’épuisement s’installe.
Comprendre la Palestine au-delà des
récits simplistes
La solidarité ne doit pas être fondée sur des mythes
romancés. Elle ne peut pas reposer sur une image idéalisée des
Palestiniens comme un front uni de résistance héroïque.
La réalité est plus douloureuse : la colonisation fracture
les sociétés. Elle sème la division, impose des choix impossibles et
dresse les gens les uns contre les autres dans une lutte désespérée pour
la survie.
Le fratricide – conséquence tragique des divisions internes
palestiniennes – n’est pas une trahison de la lutte ; c’est un produit
intentionnel de la colonisation elle-même.
Chaque projet colonial de l’histoire s’est appuyé sur la
fragmentation pour affaiblir la résistance. Reconnaître cela ne devrait
pas affaiblir la solidarité internationale, mais au contraire
l’approfondir.
La véritable solidarité n’exige pas la perfection de la part
des opprimés ; elle exige une compréhension des pressions incessantes
qu’ils subissent. Le chemin de la libération n’est ni propre ni linéaire
; il est semé d’embûches, de trahisons et de réalités douloureuses.
Soutenir la Palestine, c’est soutenir son peuple dans toute
sa complexité, non pas malgré, mais à cause de celle-ci.
La durée de la lutte dépasse celle d’une
génération
Les luttes de libération ne se mesurent pas en cycles
d’informations ou en mandats électoraux. Le combat pour la Palestine
n’est pas nouveau et ne s’achèvera pas demain. Mais l’histoire a déjà
répondu à la question de savoir si de tels combats peuvent être gagnés.
L’Algérie s’est battue pendant plus d’un siècle avant de se
libérer de la domination française. L’apartheid en Afrique du Sud a
semblé éternel, jusqu’à ce qu’il s’effondre. Aux États-Unis, les
militants des droits civiques ont été battus, emprisonnés et assassinés,
mais ils ont changé l’histoire.
Le monde regorge d’exemples de systèmes d’oppression
autrefois dominants qui semblaient invincibles, jusqu’à ce qu’ils ne le
soient plus. Et dans tous les cas, les oppresseurs n’ont pas cédé par
révélation morale ; ils ont été contraints de battre en retraite par la
persistance de ceux qu’ils cherchaient à briser.
Les Palestiniens mènent ce combat depuis des générations. Il
n’appartient pas aux mouvements de solidarité de leur offrir de l’espoir,
mais de veiller à ce qu’ils ne soient jamais seuls dans leur résistance.
Chaque action, chaque voix, chaque remise en cause du statu
quo ébranle la machine de l’oppression.
Même lorsque les victoires semblent lointaines, l’histoire
montre que la persévérance refaçonne la réalité. La Palestine ne fait pas
exception.
Le travail accompli aujourd’hui ne donne peut-être pas de
résultats immédiats, mais il n’est jamais vain. Chaque voix qui refuse
d’être réduite au silence, chaque défi lancé à la propagande, chaque acte
de défiance contribue à une force imparable qui, un jour, fera pencher la
balance.
Ce n’est pas un combat pour une gratification instantanée ;
c’est une épreuve d’endurance. Et ceux qui s’y engagent doivent le faire
en sachant que leurs efforts, aussi discrets soient-ils, ne sont jamais
vains.
Le choix qui s’offre à nous
Nous traversons une période difficile, mais c’est aussi un
moment de lucidité. Personne ne peut plus prétendre ignorer les horreurs
qui se déroulent à Gaza, la famine forcée, les massacres, la destruction délibérée
d’un peuple tout entier.
La question qui se pose à nous est simple : allons-nous
laisser la peur, l’épuisement ou le désespoir nous paralyser ? Ou
allons-nous nous ressaisir, nous serrer les coudes et nous renforcer mutuellement,
sachant que la justice ne se donne pas, et qu’elle se prend par ceux qui
sont prêts à se battre pour elle ?
Nous ne savons pas quand la Palestine sera libre, mais nous
connaissons le chemin qui mène à sa liberté. L’histoire nous assure
qu’aucun empire, aucun système d’oppression, aucun projet colonial n’a
jamais été permanent.
La question n’est pas de savoir si la justice triomphera,
mais plutôt quand elle le fera, et si nous serons alors courageusement du
bon côté de l’histoire.
La solidarité n’est pas un numéro de
cirque. Ce n’est pas un accessoire que l’on porte quand cela nous
arrange. C’est un engagement à vie envers la vérité, la justice et la
conviction inébranlable que, peu importe le temps que cela prendra, les
opprimés se soulèveront un jour et les oppresseurs tomberont.
Sliman Mansour, Rituels sous
occupation (طقوس
تحت
الاحتلال), huile sur toile, 1989