Impunité
totale : Israël toujours plus loin dans le génocide et sa volonté
d’effacement du peuple palestinien
Par Anne Tuaillon,
Présidente de l’Association France Palestine Solidarité
Le 7 mai 2025
Après
avoir rétabli un blocus total le 2 mars et rompu le cessez-le-feu le 19,
après avoir annoncé le partage de la bande de Gaza en cinq zones encadrées
par des zones militaires, Israël a annoncé le 5 mai un « plan de
conquête » de la bande de Gaza et rappelé des dizaines de
milliers de réservistes. Avec pour objectif le « départ
volontaire des Gazaouis », en clair un nettoyage ethnique, une
aggravation du génocide en cours et une occupation complète et prolongée
de la bande de Gaza.
Pour
le ministre des armées Israël Katz, les Gazaouis n’ont d’autre choix que
« partir ou mourir ». D’octobre 2023 à juin 2024,
Amnesty International avait déjà recensé 102 appels criminels de ce genre
à la destruction d’un peuple émanant de responsables israéliens. Les
Palestiniens savent depuis l’exode forcé de 1948 que partir c’est ne
jamais pouvoir revenir dans leur patrie. C’est le cas de 70% des Gazaouis
réfugiés dans des camps depuis cette Nakba.
Ce
nouveau plan israélien est celui qui se dessinait dès le 8 octobre. Il
piétine le droit international, le droit humanitaire, les Conventions de
Genève et la Convention contre le génocide. Le 5 mai, l’Union européenne se
dit préoccupée, Berlin rejette ce plan, Paris finit par réagir. Mais
aucun État européen n’annonce de mesures diplomatiques (rappel
d’ambassadeurs…), économiques (interdiction du commerce des produits
venant des colonies…). Aucun ne demande de suspendre l’accord
d’association UE-Israël en vertu de son article 2 bafoué par Israël ou
d’exclure Israël d’autres partenariats comme cela a été appliqué à la
Russie dès son agression contre l’Ukraine.
La
seule réponse de la France sous la forme d’une reconnaissance très
tardive et conditionnelle de l’État de Palestine est en décalage complet
avec l’urgence absolue de protéger le peuple palestinien en grand péril.
Bien
que le « bilan » soit déjà terrible et aurait dû leur suffire
depuis longtemps pour agir et sanctionner, une bonne partie du monde
politique, médiatique, intellectuel… refuse encore de nommer le crime,
refuse d’utiliser le terme génocide et même « génocide plausible »
comme a conclu la Cour Internationale de Justice (CIJ) dès le 26 janvier
2024… il y a plus de 16 mois. D’autres sont dans l’indifférence complice,
dans la cécité volontaire ou le soutien ouvert et assumé au
génocide !
Bien
que les grandes ONG de terrain et les agences de l’ONU rapportent et
alertent le monde entier sur ce génocide largement aggravé et avéré,
aucune sanction n’est évoquée ou envisagée. Dix-neuf mois après l’attaque
criminelle et meurtrière des groupes armés palestiniens le 7 octobre en
Israël ayant fait 1200 morts, et la prise de 250 otages, les tirs et
bombardements israéliens ont tué au moins 53 000 personnes dans la bande
de Gaza dont 17 000 enfants, des dizaines de milliers de malades
chroniques sont morts faute de soins, des milliers de victimes encore
sous les décombres. Au total 200 000 morts selon des experts médicaux. À
l’échelle de la population française, 34 fois plus nombreuse, ce serait
1,8 millions de tués dont plus de 578 000 enfants. Effroyable,
monstrueux !
Combien
faut-il encore de dizaines ou de centaines de milliers de personnes tuées
pour agir et prendre des sanctions : 300 000 ? Plus ? 40
000, 100 000 enfants ?
Combien
faut-il encore de quartiers, hôpitaux, tentes, distributions alimentaires
bombardées, de centaines de soignants, humanitaires (400) et journalistes
(212) assassinés ?
En
Cisjordanie occupée, dont Jérusalem-Est, le nettoyage ethnique et la
violence de l’armée et des colons sont décuplés : plus de 1000 tués,
expulsion de 40 000 personnes de camps de réfugiés, récoltes et vergers
détruits, villages rasés, habitations détruites, bombardements, plus de
10 000 prisonniers politiques dans des prisons transformées en centres de
torture : Israël y reproduit la stratégie en cours à Gaza.
Josep
Borrell, ancien haut représentant de l’Union européenne pour les affaires
étrangères plaide le 29 avril pour le retour urgent au droit
international, le recours aux leviers d’action contre Israël, et le refus
du « fait accompli ». L’Assemblée générale des Nations
unies a aussi exigé le 18 septembre 2024 qu’Israël mette fin dans un
délais de 12 mois à l’occupation illégale du territoire palestinien et à
sa colonisation, un crime de guerre. C’est précisément le contraire que
fait Israël : toujours plus loin dans l’occupation, dans la
colonisation, dans l’annexion de territoire et dans son régime
d’apartheid.
À
quelques jours du 15 mai, jour de la commémoration de la Nakba, la
catastrophe qui a vu 800 000 Palestinien·nes chassé·es et dépossédé·es de
leurs terres entre 1947 et 1949, après plus de 77 ans de dépossession et
d’expulsion, la Nakba continue et arrive à un paroxysme : c’est
l’existence même du peuple palestinien qui est menacée, c’est son
effacement qu’Israël vise par son génocide.
L’heure
n’est donc plus aux paroles ou aux déclarations d’intention mais
définitivement aux actes, aux sanctions contre un État génocidaire à qui
le monde doit imposer le droit face à la faillite totale dont il se rend
coupable jusqu’à maintenant.
L’heure
est aux sanctions contre les criminels et pas contre celles et ceux qui
dénoncent ce génocide en cours et ont l’impression de hurler dans le
désert depuis plus de 19 mois !
C’est
notre humanité à toutes et tous qui est en jeu :
soit
nous réagissons, soit nous sombrons !
La
France et l’UE doivent agir, fortement et rapidement !
Les
sanctions c’est maintenant !
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