À tous ceux qui font le choix de
se taire …
l’Histoire ne vous le pardonnera
pas !
Par Ramzy
Baroud le 15 aout 2025
https://www.chroniquepalestine.com/a-tous-ceux-qui-font-choix-se-taire-histoire-pardonnera-pas/
… le Premier ministre
israélien Benjamin Netanyahu est engagé dans une course contre la montre,
tentant désespérément d’assurer à son pays une place, sinon
prépondérante, du moins respectable dans l’ère à venir.
Il poursuit cet
objectif par une expansion territoriale en Syrie, une agression
incessante contre le Liban et, bien sûr, la volonté d’annexer tous les
territoires palestiniens occupés.
Mais l’histoire ne
peut être contrôlée avec une telle précision. Aussi intelligent qu’il
puisse se croire, Netanyahu a déjà perdu toute capacité d’influer sur le
cours des événements.
Il n’a pas été en
mesure de définir un programme clair à Gaza, et encore moins d’atteindre
des objectifs stratégiques dans une zone de 365 kilomètres carrés réduite
à un champ de ruines et de cendres.
Les Gazaouis ont
prouvé que la résistance collective peut vaincre l’une des armées
modernes les mieux équipées.
En effet,
l’histoire elle-même nous a appris que les bouleversements de grande
ampleur sont inévitables. Mais le drame le plus terrible est que ce
bouleversement ne se produit pas assez rapidement pour sauver une
population affamée, et que le sentiment pro-palestinien ne se développe
pas assez vite pour imposer un résultat politique décisif.
Notre confiance
dans ce changement inéluctable est ancrée dans l’histoire….
Gaza est infiniment
petite si l’on en juge par sa géographie, son poids économique ou
politique. Pourtant, elle s’est avérée être l’événement mondial le plus
marquant qui a défini la conscience politique de la nouvelle génération.
Le fait que les
gardiens autoproclamés de l’ordre d’après-guerre soient précisément ceux
qui violent de manière ultra-violente et choquante toutes les lois
internationales et lois humanitaires, suffit à modifier fondamentalement
notre relation avec « l’ordre fondé sur des règles » défendu par
l’Occident.
Cela peut sembler
insignifiant aujourd’hui, mais cela aura des conséquences profondes et
durables. Cela a largement compromis, voire délégitimé, l’autorité morale
imposée, souvent par la violence, par l’Occident au reste du monde
pendant des décennies, en particulier dans les pays du Sud.
Cette
délégitimation auto-imposée aura également un impact sur l’idée même de
démocratie, qui est attaquée et remise en cause dans de nombreux pays, y
compris les démocraties occidentales.
Quoi de plus
logique, étant donné que la plupart des habitants de la planète sont
fermement convaincus qu’Israël doit mettre fin à son génocide et que ses
dirigeants soient tenus pour responsables. Pourtant, peu ou pas de
mesures sont prises.
Le basculement dans
l’opinion publique occidentale en faveur des Palestiniens est stupéfiant
si on la contextualise avec la déshumanisation totale du peuple
palestinien par les médias occidentaux et avec l’allégeance aveugle des
gouvernements occidentaux à Israël.
Plus choquant
encore, ce changement dans l’opinion est en grande partie le résultat du
travail de citoyens ordinaires sur les réseaux sociaux, de militants qui
se mobilisent dans les rues et de journalistes indépendants,
principalement à Gaza, qui font leur métier dans des conditions
extrêmement difficiles et avec des ressources minimales.
Une conclusion qui
domine est l’incapacité des nations arabes et musulmanes à prendre en
compte cette tragédie qui frappe leurs propres frères en Palestine. Alors
que certains se livrent à une rhétorique creuse ou à l’autoflagellation,
d’autres restent inertes, comme si le génocide à Gaza était un sujet
externe, à l’instar des guerres en Ukraine ou au Congo.
Ce seul fait remet en
question notre définition collective de nous-mêmes, ce que signifie être
arabe ou musulman, et si ces définitions revêtent une identité qui
transcende la politique.
L’avenir nous le
dira.
La gauche pose
également problème, à sa manière. Bien qu’elle ne soit pas monolithique
et que de nombreux militants de gauche aient soutenu les manifestations
mondiales contre le génocide, d’autres restent divisés et incapables de
former un front uni, même temporairement.
Certains cercles
militants dits de gauche, continuent de se bercer d’illusions, paralysés
par la crainte que leur opposition au sionisme leur vaille d’être taxés
d’antisémitisme. Pour ce groupe, l’autocensure et l’autocontrôle les
empêchent de prendre des mesures décisives.
L’histoire ne
s’inspire pas d’Israël ou des puissances occidentales. Gaza entraînera en
effet des changements mondiaux qui nous toucheront tous, bien au-delà du
Moyen-Orient.
Mais en cet
instant, il est urgent que nous utilisions notre volonté et notre action
collectives pour influencer un seul événement historique : mettre fin
au génocide et à la famine à Gaza.
Le reste sera
laissé à l’histoire et à ceux qui souhaitent y jouer un rôle lorsque le
monde changera à nouveau.
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