Filmer
pour exister : à Bruxelles, un voyage à travers les archives
palestiniennes
Par l’Agence Médias Palestine le 31 octobre 2025
À Bruxelles, le Cinéma
Nova propose à partir du 20 novembre une programmation inédite autour des
archives audiovisuelles palestiniennes, depuis la lutte pour leur
sauvegarde jusqu’à leur réappropriation par des cinéastes palestiniens
contemporains…
Palestinian Archives –
Fragments d’une mémoire volée est le titre d’une programmation qui va se déployer
sur un mois, traversant plusieurs décennies d’histoire, tout en mettant
l’accent sur la préservation des images d’archives face aux politiques
coloniales confisquant l’histoire pour mieux effacer la présence du
peuple palestinien sur ses terres.
Au cœur de ce projet :
les films produits par la Palestine Film Unit, créée en 1968 au
sein de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), et qui ont
brisé l’image donnée jusqu’alors aux Palestiniens par le cinéma colonial
– celle de silhouettes anecdotiques, petits paysans arabes, relégués à
l’arrière-plan de paysages grandioses.
Longtemps portés
disparus, après avoir été saisis par Israël lors du siège de Beyrouth en
1982, les films de la Palestine Film Unit finiront par resurgir au fil du
temps dans différents pays, au gré des liens révolutionnaires tissés à
travers le monde. La Cinémathèque de Toulouse conserve actuellement une
partie de cette collection. Elle a permis au Nova de sélectionner
quelques films, qui seront projetés lors d’un week-end spécial les 12, 13
et 14 décembre, en présence notamment de l’historienne du monde arabe Jihane
Sfeir (Université libre de Bruxelles) et de l’historienne et
politiste Stéphanie Latte Abdallah (CNRS).
En parallèle, la salle
indépendante bruxelloise s’intéressera aux solidarités internationales
qui ont valu à la lutte palestinienne d’être épaulée par des cinéastes du
monde entier — à l’image du Libanais Jean Chamoun, de l’Allemande Monica
Maureur ou du Suédois Per-Åke Holmquist, dont des films sont annoncés. Mohanad
Yaqubi, cinéaste et producteur originaire de Ramallah, présentera
deux documentaires : R21 aka Restoring Solidarity, qui chemine à
travers une collection de films sur la Palestine retrouvée à Tokyo, et Off
Frame aka Revolution Until Victory, qui exhume une partie de la
production prolifique de la Palestine Film Unit. La réalisatrice Reem
Shilleh accompagnera Perpetual Recurrences (An Exercise in Film
Programming), dans lequel elle tisse entre eux une vingtaine de films
évoquant la Palestine et tournés sur quatre décennies par des
réalisateurs allemands, italiens, français ou japonais. Le Nova
projettera Israel Palestine on Swedish TV 1958-1989, le long et
passionnant documentaire de Göran Hugo Olsson, qui retrace 30 ans
d’histoire de la région à travers le regard de la télévision suédoise. François
Dubuisson, spécialiste en droit international, complètera ce panorama
avec une conférence sur la manière dont le conflit israélo-palestinien
est représenté à l’écran.
Michel Khleifi, figure centrale du cinéma
palestinien de l’après-1982, participera à plusieurs soirées au Nova. Il
accompagnera son film Ma’loul fête sa destruction, en compagnie de
l’historien israélien Ilan Pappé. Et il introduira L’Olivier :
qui sont les Palestiniens ?, l’un des premiers films francophones à
avoir donné corps à l’existence du peuple palestinien et à son combat. Serge
Le Péron, un des co-réalisateurs du film, rejoindra Michel Khleifi
pour en débattre.
Tout au long de ces
quatre semaines, un focus sera également consacré au cinéaste Kamal
Aljafari, dont les films (A Fidai Film, Port of Memory,
Recollection…) explorent les manières de reconstruire la mémoire
palestinienne.
Palestinian Archives –
Fragments d’une mémoire volée sera aussi l’occasion de découvrir les courts métrages
de Mahmoud Al-Haj, qui mêlent archives personnelles, images
satellites et captations militaires ; le travail de réappropriation
d’archives coloniales mené par le cinéaste libano-greco-palestinien Theo
Panagopoulos ; ou encore l’exposition I’m Still Alive de Maisara
Baroud, dessinateur originaire de Gaza et désormais réfugié à
Marseille.
En marge de ce
foisonnant programme d’archéologie visuelle, le Nova consacre également
une soirée, le 5 décembre, aux résistances en Israël. Frédérique
Devillez y présentera des extraits du film Yerida Should I Stay or
Should I Go ? qu’elle est en train de réaliser, Eitan Bronstein
y brossera un portrait des groupes qui luttent en Israël contre
l’apartheid ou le colonialisme, et le duo Elik Harpaz & Ayah
interprétera ses chansons, dont la mémorable Genocide Song.
Palestinian Archives –
Fragments d’une mémoire volée : du 20 novembre au 19 décembre 2025 au Cinéma Nova,
3 rue d’Arenberg, 1000 Bruxelles.
Programme complet : www.nova-cinema.org
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