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DOSSIERS PRESSE

Les accords de Genève

" La paix que l'on veut est celle décrétée par les Nations unies "
par Tarek Arar

Tarek Arar, président de l'Union générale des étudiants de Palestine (GUPS France), répond aux questions de l'Humanité.


1. Quelle est votre position vis-à-vis des accords de Genève ?

Tarek Arar.
Nous sommes preneurs de toute proposition qui puisse amener la paix et faire cesser l'occupation, quelle que soit son origine, palestinienne ou israélienne. Après 55 ans d'occupation et de résistance, le peuple palestinien a besoin d'une paix réelle et durable. Néanmoins nous n'accepterons pas une paix sous n'importe quelles conditions.


2. Qu'attendez vous donc de ce nouveau plan de paix ?

Tarek Arar.
Une initiative de paix doit fournir aux Palestiniens les éléments constitutifs d'un État (un territoire, des frontières définies et la souveraineté sur l'ensemble) et doit prendre en compte, d'une manière ou d'une autre, la question du droit au retour. Or les accords de Genève ne constituent pas, à nos yeux, une réponse satisfaisante à ces points. Concernant le droit au retour des réfugiés, ces accords le nient. Pourtant ce point s'inscrit comme un droit essentiel aux yeux des Palestiniens, un des rares sur lesquels la population dans son ensemble et toutes les factions sont en accord. Il faut savoir qu'aujourd'hui 2 640 000 réfugiés répartis dans des camps au Liban, en Syrie et en Jordanie vivent dans des conditions inhumaines, dans l'indifférence générale.

Concernant la souveraineté, la réponse des accords est, là encore, peu satisfaisante.

Premièrement, la répartition du contrôle des frontières terrestres et de l'espace aérien pose problème. D'un côté, la frontière Palestine-Jordanie serait sous le contrôle d'une force tripartite composée de Palestiniens, d'Israéliens et d'une force internationale non définie à ce jour. Le dernier mot, en cas de décision à prendre, revenant aux seuls Israéliens. La frontière Israël-Palestine et l'espace aérien seraient tous deux sous strict contrôle Israélien. Par ces trois mesures, la Cisjordanie ressemblerait alors à une prison géante, encadrée et contrôlée de toutes parts par les Israéliens.

Deuxièmement, la continuité et l'intégrité territoriale sont elles aussi mises à mal. Les accords de Genève prévoient en effet le maintient de bases militaires Israéliennes au sein même de la Palestine (actuelle Cisjordanie) pour la protection des colonies non démantelées. Qui plus est, la route joignant la Cisjordanie à la bande de Gaza serait sous unique contrôle Israélien.

Enfin, la Palestine n'aurait pas le droit d'avoir une armée ou une force de défense quelconque.

Le seul point clair et positif dans ce plan est l'annonce de la libération des prisonniers palestiniens. Si ce n'est que, pour l'instant, les détails concrets ne sont pas donnés sur ce point, ces derniers étant confinés dans l'annexe X des accords qui n'a pas été rendue publique. À titre indicatif, le document contient 45 renvois à ladite annexe...

3. Comment réagit le peuple Palestinien dans les territoires et ailleurs ?

Tarek Arar.
À l'heure actuelle, la rue palestinienne a totalement perdu confiance dans ce genre de démarche à cause des échecs successifs des précédents plans de paix. Des échecs dus en majeure partie au non-respect par Israël des décisions prises au niveau international. Aucune initiative de paix n'aura de sens tant qu'Israël poursuivra sa politique coloniale. Aujourd'hui, la paix que l'on réclame est celle décrétée par les Nations unies. L'application du droit international nous garantit un État palestinien sur les frontières de 1967, Jérusalem-Est pour capitale, le démantèlement des colonies juives et le droit au retour des réfugiés palestiniens. Pourquoi devrions-nous accepter une paix qui nous oblige à renier ces acquis-là ?


Entretien réalisé par Armanda Dos Santos


© Journal l'Humanité 26.12.03

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