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DOSSIERS PRESSE

UNE LARGE MAJORITE DE JUIFS ISRAELIENS
EN FAVEUR DE LA FEUILLE DE ROUTE
Hephraïr Yaar et Tamar Hermann (Ha'aretz)

Haaretz  11 mai 2003

L'opinion israélienne juive tend a montrer un optimisme prudent dans son évaluation des chances de mettre fin au conflit israélo-palestinien, a la lumière de la victoire américaine en Irak et des changements de direction au sein de l'Autorité palestinienne. Cette tendance est renforcée par une large majorité en faveur de la feuille de route, malgré la division de l'opinion au sujet de la conception de l'administration Bush des intérêts israéliens, la question étant de savoir si elle est similaire ou différente de celle des
gouvernements israéliens.

Dans un cas comme dans l'autre, l'opinion qui prévaut est que l'administration américaine exercera de lourdes pressions sur les parties, afin de les forcer a accepter le plan. Cette attente de pressions
américaines est liée au fait qu'une majorité de l'opinion estime que les probabilités que le gouvernement Sharon adopte le plan sont faibles.
Une plus large majorité encore le pense vis-a-vis de l'Autorité palestinienne, opinion qui se fonde sur l'idée largement partagée qu'Arafat demeurera sur la scène politique malgré les pressions internationales et
l'intronisation du nouveau gouvernement d'Abou Mazen.
De plus, même si un accord de paix intervient et qu'un État palestinien est crée, on s'attend majoritairement a des relations hostiles accompagnées d'un "faible niveau de violences" entre les deux États, alors qu'une minorité croit en une paix froide mais sans violences.
Cela résume les résultats les plus importants de l'étude d'opinion "Peace index"* d'avril 2003, menée les 29 et 30 avril 2003.
A la question "de façon générale, quand vous considérez la situation de la région dans le contexte de la victoire américaine en Irak et des changements de direction dans l'Autorité palestinienne, croyez-vous que les probabilités d'en finir avec le conflit historique israélo-palestinien ont augmente ou diminue?", 48% des personnes interrogées ont répondu que les probabilités avaient augmente, 39% qu'elles n'avaient ni augmente ni diminue, et 9% qu'elles avaient diminue. 5% étaient sans opinion.
Ainsi, parmi ceux qui pensent que la nouvelle réalité dans la région aura une influence sur le conflit israélo-palestinien, une majorité claire pense que cette influence sera positive. En même temps, il ne faut pas ignorer l'importante minorité (39%) qui ne pense pas que la situation nouvelle aura une influence, dans l'un ou l'autre sens. Si l'on fait l'hypothèse que cela manifeste une attitude pessimiste, et si l'on ajoute ceux pour qui les probabilités de mettre fin au conflit ont diminue, il apparaît que l'opinion juive est divisée quant a son appréciation des conséquences de la réalité nouvelle pour le conflit israélo-palestinien.
Soutien sans ambiguite a la feuille de route
Un clivage encore plus net apparaît concernant l'attitude de l'opinion juive envers le plan de paix entre Palestiniens et Israéliens connu sous le nom de feuille de route. Après que les points les plus importants du plan, ses phases et ses stipulations, eurent été présentés aux personnes interrogées,
il leur a été demande dans quelle mesure elles le soutenaient ou lui étaient opposées. Les résultats montrent que 65% soutiennent le plan (dont 20% "beaucoup" et 45% "considérablement"), alors que seuls 31% lui sont opposes (18% "beaucoup" et 13% "considérablement"). Le reste n'a pas répondu.
Comme on pouvait s'y attendre, il existe un lien direct entre la perception des probabilités de paix en regard de la nouvelle situation de la région et l'attitude envers la feuille de route. Parmi ceux qui sont en faveur de la feuille de route, 57% pensent que les probabilités de mettre fin au conflit ont augmente, 34% qu'elles n'ont pas change, et 6% qu'elles ont diminue. Parmi les opposants au plan, 31% pensent que les probabilités ont augmente, 51% qu'elles n'ont pas change et 6% qu'elles ont diminue.
Une analyse des attitudes envers la feuille de route croisées avec le vote pour les cinq partis les plus importants aux dernières élections montre que le taux de soutien est le plus fort chez les électeurs des deux partis de gauche  Meretz (100%), et Parti travailliste (92%) - suivis de près par les électeurs du Shinoui (83%).
Cependant, même parmi les électeurs du Likoud, une majorité nette de 58% soutient le plan, contre 37%qui s'y opposent. De fait, les électeurs du Shas sont les seuls, pour les cinq partis majeurs, chez lesquels la proportion des opposants (61%) est significativement plus élevée que celle des partisans (30%).
Comme on l'a note, le soutien a la feuille de route est plus élevé que la croyance en les probabilités de mettre fin au conflit historique israélo-palestinien. Comment expliquer cette disparité? On peut trouver une
explication au moins partielle dans les réponses a la question concernant les probabilités que le gouvernement israélien et l'Autorité palestinienne adopteront la feuille de route et agiront de bonne foi a l'appliquer.
Concernant Israël, seules 40% des personnes interrogées pensent que les probabilités que le gouvernement Sharon agira en conformité avec le plan sont élevées, alors que 54% pensent que ces probabilités sont faibles. Une ventilation des réponses par partis montrent qu'a l'exception des électeurs
du Likoud, une majorité d'électeurs pour les grands partis estime que ces probabilités sont faibles. Les électeurs du Likoud se divisent a parts égales entre ces deux attitudes (47% chacune).
Une opinion encore plus pessimiste se dégage concernant les probabilités que l'Autorité palestinienne applique la feuille de route, malgré les récents changements de direction : 71% des personnes juives interrogées pensent que ces probabilités sont faibles, contre 22% qui pensent qu'elles sont élevées.
Ce résultat est lie a la perception des changements récents au sein de l'Autorité palestinienne. Ainsi, a la question "quand vous considérez les luttes qui ont eu lieu a l'intérieur de l'Autorité palestinienne au sujet du
nouveau gouvernement dirige par Abou Mazen, quelles sont les probabilités, a votre avis, qu'Arafat renonce et se mette a l'écart, vu les pressions internationales?", 79% des personnes juives interrogées ont répondu que ces probabilités étaient très faibles (48%) ou assez faibles (31%), contre 17% qui estiment qu'elles sont très élevées 3%) ou assez élevées (14%).
Clivage sur les pressions américaines
Au vu du scepticisme qui prévaut quant a la volonté tant du gouvernement Sharon que de l'Autorité palestinienne d'appliquer la feuille de route, on a pose aux interviewes la question suivante : "la campagne contre l'Irak montre que l'administration Bush agit de manière déterminée pour provoquer les changements qu'elle souhaite sur la scène internationale. Quelles sont les probabilités, a votre avis, que si l'Autorité palestinienne et/ou le gouvernement israélien n'acceptent pas la feuille de route, l'administration américaine exerce de lourdes pressions sur les deux parties pour les forcer a accepter le plan?"
L'analyse des réponses indique que la politique américaine dans la région a fait forte impression sur l'opinion juive israélienne. Ainsi, 72% pensent que les probabilités de telles pressions sont très ou assez élevées, contre 22% qui ne le pensent pas.
Étant donne d'une part le large soutien de l'opinion juive a la feuille de route, et d'autre part le scepticisme vis a vis de la volonté des deux cotes de l'appliquer, la question qui se pose est de savoir si l'opinion considère que de lourdes pressions américaines sont souhaitables ou non. Les réponses révèlent un clivage sur le sujet: 50% s'opposent aux pressions américaines, 44% sont en leur faveur. Comme on pouvait l'imaginer, il y a un lien étroit entre les réponses a cette question et la perception par l'opinion du degré
de concordance entre les conceptions des intérêts vitaux israéliens de l'administration Bush et celles des gouvernements israéliens. De façon générale, 44% pensent que les conceptions des deux gouvernements sont très ou assez similaires, alors 48% pensent qu'elles sont très différentes ou assez différentes.
Le croisement entre les réponses a cette question et celles a la question précédente révèle que parmi ceux qui trouvent une concordance entre les conceptions des deux gouvernements des intérêts vitaux d'Israël, 55% soutiennent des pressions américaines et 41% s'y opposent, alors que parmi ceux qui considèrent que ces conceptions divergent, 35% y sont favorables et 60% opposes.
Ces résultats indiquent un lien clair entre les attitudes sur ces deux questions. En même temps, il est important de remarquer que le soutien ou l'opposition a des pressions américaines ne sont pas uniquement détermines par la perception des conceptions des deux gouvernements vis-a-vis des intérêts vitaux d'Israël. Ainsi, même parmi ceux qui considèrent ces conceptions comme convergentes, 41% sont opposes a des pressions américaines.
Il semble donc que les positions sur cette question sont influencées par d'autres considérations, comme une opposition de principe a toute intervention extérieure, ou la croyance que de telles pressions seront
inefficaces, en particulier pour ce qui concerne le cote palestinien. On peut trouver d'autres indications de considérations de ce genre en effectuant un croisement entre les réponses a la question sur le soutien/opposition a la feuille de route et celles a la question su soutien/opposition aux pressions américaines. Par exemple, parmi ceux qui soutiennent la feuille de route, une majorité (57%) se prononce en faveur de pressions américaines, comme on pouvait s'y attendre, mais une forte minorité (34%) y est opposée.
Par ailleurs, les attentes de l'opinion juive a l'égard des relations entre Israël et l'État palestinien, si un traite est signe, ne sont pas des plus optimistes. L'idée qui prévaut (40%) est qu'il y aura des relations hostiles
avec un faible niveau de violences, 34% pensent qu'il y aura des relations de paix froide mais sans violences, 12% s'attendent a ce que les relations hostiles perdurent, avec un niveau de violences élevé, et seuls 5% pensent qu'un accord conduira a des relations pacifiques et cordiales. Ces appréciations fournissent une explication supplémentaire au fait qu'une large partie de l'opinion n'est pas prête a ce que les intérêts d'Israël soient déterminés par des diktats de l'administration américaine.
* Le projet Peace Index est mené au sein du Tami Steinmetz Center for Peace Research de l'université de Tel-Aviv, dirige par le professeur Ephraim Yaar et le docteur Tamar Hermann. Les entretiens téléphoniques ont été réalisés par le B. I. Cohen Institute de l'université de Tel-Aviv, les 29 et 30
avril, auprès d'un échantillon de 580 personnes, représentatif de la population israélienne juive et arabe 
(y compris kibboutzim et territoires).
L'erreur standard pour un échantillon de cette taille est d'environ + ou - 4,5%.

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