AFPS Nord Pas-de-Calais CSPP

   

" Ils n'ont aucune humanité.
Ils ne nous ont même pas donné deux minutes pour sortir "
 
Le mois dernier l'armée israélienne a envahi le camp de réfugiés de Rafah à Gaza, détruisant au bulldozer des centaines de maisons et tuant soixante personnes. Israel a dit qu'ils recherchaient des terroristes, mais quand l'armée s'est retirée il y avait 1600 sans abris. Qu'est t-il advenu des personnes dont les maisons ont été détruites? Chris Mc Greal est allé demandé à six familles ce qu'elles ont pu sauver des décombres.
 
Vendredi 4 juin 2004 the Guardian
 
La famille Al - Akhras
 
Il ne reste rien de la maison de la famille Akhras. Même les morceaux de tissus qui flottent dans la brise au dessus de leurs têtes, un semblant pathétique de tente pour cette famille bedouine autrefois nomade, ont été empruntés à des voisins plus chanceux. Un grand recipient en metal, c'est tout ce qu'ils ont pu sauver des décombres de leur maison aprés que celle -ci eut été détruite au bulldozer par l'armée israélienne. " Il y avait 10 pièces ici " dit  Ghazi le patriarche de 50 ans. " 33 personnes vivaient dans cette maison; moi, ma femme, mes 7 frères et leurs femmes, et tous nos fils et nos filles." Les bulldozers sont arrivés à 10 heures du soir. " Tout le monde fuyait les maisons, mais l'un de mes frères handicapé se trouvait bloqué dans la maison. Nous avons du le porter alors que le bulldozer tapait dans  le bâtiment". Tout ce qui reste de la maison c'est un monticule de gravas et de poussière. La destruction par le bulldozer est telle que les murs ont été transformés en poussière rappelant le désert rocailleux situé au delà de la cloture. Comme bien d'autres familles à Rafah, la famille Akhras avait déjà auparavant perdu sa maison. Ghazi est venu de Yibna apres que l'armée israélienne sous le commandement d'Ariel Sharon alors gouverneur militaire de Gaza, eut détruit au bulldozer sa maison en 1971. " Nous avons acheté cette maison ici aux israéliens. Nous avions les documents pour le prouver. Nous n'avons rien pu sauver même pas les documents," dit - t-il. "Pour nous c'est pire que la catastrophe de 1948. En 1948 il n'y avait pas d'Apaches qui nous tiraient dessus." Akhras, qui a travaillé en Israel comme employé du bâtiment avant l'intifada, n'a pas les moyens de reconstruire. " Je n'ai pas d'argent pour le faire. Maintenant nous sommes sans maison, hébergés dans de la famille. Pendant la journée nous venons ici nous asseoir sur ces décombres, sous la tente, parce que nos proches ne veulent pas de nous toute la journée dans leurs maisons. La nuit nous y allons juste pour dormir."
 
La famille Abu Ghali
 
Aziza Abu Ghali est épuisée par la colère et peut à peine tenir debout. " Mon mari a 90 ans et a nul part ou dormir. Les juifs démolissent nos maisons. J'ai crié au conducteur de bulldozer : " vous n'avez pas d'enfant? " Ils tuent nos fils et nous envoient à la morgue. Nous prions Allah pour qu'il leur inflige la souffrance qu'ils nous infligent." Aziza est l'une des seules dans sa rue à se souvenir  comment ils ont attéri à Rafah en 1948, au moment de la création de l'état d'Israel. Elle est née dans le village maintenant disparu de Yabna, qui a été détruit et remplaçé par la ville israélienne de Yavné. 4 de ses enfants - 3 fils et 1 fille - sont nés là bas également. " Les juifs ont utilisé leurs fusils pour nous faire partir. Ils mentent à propos de cela maintenant, disant que nous nous sommes enfuis de nous mêmes. Qui quitterait sa maison sauf  contraint ? J'étais une jeune femme à l'époque. Je n'avais pas imaginé que les juifs pourraient de nouveau me faire cela. " Quand les bulldozers sont arrivés cette fois ci, Aziza dormait. Son mari, Yousef, était couché dans une pièce voisine. Son fils et sa famille vivent de l'autre côté d'une petite cour dans deux autres pièces. Tout ce qu'ils ont pu récupéré des décombres c'est le fauteuil roulant de Yousef. Le coin de son lit émerge des décombres. Leur réfrégérateur détérioré git au dessus. Un ventileur plafonnier en métal, ses lames tel une fleur flétrie, pend d'un mur ayant survécu. Le fils de Yousef, Sobhi, un infirmier dans une clinique de l'ONU, dit que son père a eu de la chance de s'en sortir. " Toute la journée il y a eu des tirs. Il y avait un tank pres de notre maison, et j'avais même peur de sortir la tête dehors. Il y avait des tireurs d'élite israéliens au sommet des immeubles. C'était dangereux tout simplement de montrer son visage." " Je suis resté éveillé toute la nuit. Je pouvais entendre le bruit des maisons qu'on démolissait. A l'aube j'ai entendu mon père frapper à la porte de ma mère disant qu'il  voulait se rendre à la prière du matin. il est presque complètement sourd. Je voulais l'appeler pour lui dire de rester à l'intérieur parce qu'ils pourraient tirer, mais il est sorti et j'ai du me précipiter pour le récupérer." La famille s'est mise à l'abri pendant plusieurs heures encore jusqu'à ce que l'attention du bulldozer se tourne vers leur maison abritant 13 personnes. " J'ai vu que la maison allait être démolie. J'ai juste empoigné mon fils et mon père et je les ai tirés au loin. Nous nous sommes retrouvés dans la zone où ils tiraient. Le conducteur de bulldozer était complètement indifférent. Ils nous ont vu et savaient que nous étions à l'intérieur. Nous avons eu juste quelques minutes pour partir. Nous pleurions et criions vers eux. Je portais mon père sur mes épaules. Je ne pense pas qu'il est compris ce qui arrivait."
 
La famille Al - Wawi
 
Mousa Joma al-Wawi a une longue histoire avec Ariel sharon. " Nous l'appelons le bulldozer" . "Ce n'est pas la première fois qu'il nous fait cela." " La première fois c'était en 1971", dit le grand père de 54 ans, debout au milieu des décombres de sa maison dans le quartier Al Brazil de Rafah. Comme pour beaucoup à Rafah, ce n'était pas la première fois que Wawi était poussé hors de chez lui par les dernières vagues de démolitions Il ne compte plus les fois ou il a du s'enfuir de sa maison. " J'ai été un réfugié avant même d'être né. Ma mère était enceinte quand elle a fui notre village Zarnuga, quand les juifs sont venus en 1948. La maison est toujours debout. Ma mère est venue s'installer sous une tente à Khan Younis ( un peu au nord de Rafah ) puis à Rafah où je suis né. " La rencontre de Wawi avec les bulldozers remonte aux années 70 quand Sharon, général de l'époque, a chassé avec les bulldozers 20 000 personnes de leurs maisons dans la bande de Gaza pour élargir des routes dans le cadre de sa stratégie pour combattre le Mouvement de Libération de la Palestine. " Sharon a détruit notre maison. L'ONU et les israéliens nous en ont construites des nouvelles à Yibna ( un quartier de Rafah). Ils nous ont vendu ces maisons. J'ai tous les documents. La maison avait deux pièces et un toit de tuiles. Elle faisait 1,5 m de haut, 3m de long et 2,5m de large. Quand la famille a augmenté, nous l'avons aggrandie." Mais les bulldozers sont revenus en 1997, lorsque l'armée israélienne a détruit ces maisons qu'elle avait construites pour les réfugiés palestiniens il y a à peu pres 25 ans. La famille Wawi s'est enfuie au quartier de Al Brazil dans Rafah, et avec les années a construit une nouvelle maison. il y avait environ 20 hommes femmes et enfants entassés dans une pièce à l'arrière de la maison de Wawi à l'angle de la rue Al Brazil quand les escadrons de démolisseurs sont arrivés. Ils n'avaient pas osé sortir dans la rue à cause des balles qui volaient dans la rue, mais maintenant ils leur fallaient fuir. " Mon frère habite la porte à côté," dit Wawi. " Nous étions tous dans cette pièce et mon frère est venu avec un marteau et a creusé un trou dans le mur. Le bulldozer frappait la maison. Nous n'avons rien emporté. Nous avons juste essayé de nous enfuir par nous mêmes.... quelques uns des pigeons ont survécu." Parmi les décombres, le réservoir d'eau, truffé de balles, une table de chevet cassée, et les restes d'une armoire. Un panier de fleurs rouges est resté accroché intact, et la famille a sorti des décombres quelques couvertures, des oreillers et un jouet d'enfant en plastique. Où vont ils aller maintenant? " C'est toujours ma maison," dit Wawi. " Nous allons la nettoyer et nous apporterons des tentes dedans. S'il veulent me tirer dessus dans ma maison - me tirer dessus, sur mes enfants et mes petits enfants- nous ne pouvons les en empêcher. Nous restons quoiqu'il arrive".
 
La famille Mikkawi
 
Rulla Abu Abid s'accroche à sa poupée comme si c'était tout ce qui lui restait au monde. Elle l'appelle Larla et sa tête est enfouie sous les décombres de sa maison. Rula a demandé à son grand père, Hassan Mikkawi, s'ils finiront par la retrouver. Le mécanicien de 61 ans - " le plus célèbre mécanicien de Rafah " - réconforte la fillette de 5 ans en lui disant qu'un jour ils auront la force d'aller creuser dans les décombres pour  la chercher. L'un des bâtiments faisant partie de la maison familiale, qui abrite deux de ses fils et leurs familles, a été complètement détruit. Le bulldozzer blindé a démoli le devant de sa maison, écrasant les meubles, détruisant une grande partie du salon et endommageant la chambre à coucher. Ce qui reste des meubles est abimé, en morceaux. Tout au plus ce qui a pu être sauvé : une boîte à outils, une caise d'oignons, une grand récipient en métal, une table de chevet, quelques couvertures. La voiture de Mikkawi a été complètement écrasée par le bulldozer. "J'ai vécu aux Etats Unis illégalement pendant plus d'un an. C'était en 1996", dit - il sortant un permis de conduire d'Alabama pour le prouver. " j'avais un bon boulot comme mécanicien, mais je suis revenu ici. Je me demande souvent pourquoi, mais je ne pouvais pas emmener ma famille aux Etats Unis. Quand je suis revenu, nous pensions que ce serait la paix. Nous pensions qu'il n'y aurait plus de démolitions." Hassan Mikkawi avait six ans quand il a fui  son village Zarnuga, alors que la jeune armée israélienne s'en emparaît en 1948. Il y avait environ 2500 arabes qui y habitaient , la plupart d'entre eux se sont réfugiés à Rafah. " Je me souviens du jardin et de la mosquée. A cette époque il n'y avait pas de tanks, mais je me souviens des tirs. Je me souviens de ma mère de mon père et de mon frère qui pleuraient. Et je me souviens quand nous avons fui, mon père portant de la nourriture et quelques vêtements. C'était comme c'est maintenant." " Nous sommes arrivés à Gaza en 1948 et nous sommes venus à Rafah plus tard. En 1967 les israéliens ont écrasé notre maison et ils voulaient nous envoyer en Cisjordanie ou dans le  Sinai, mais nous avons refusé. Mon père a construit une maison ici. 2 pièces avec une salle de bain. Vous pouvez voir que nous l'avons aggrandi et élargi." Il y avait 16 personnes vivant dans la maison quand les bulldozers sont arrivés pour la démolition la plus récente. La famille s'est enfuie en agitant des écharpes blanches. Quand ils sont revenus, les pans de maison qui n'avaient pas été détruits vacillaient dangereusement. Une forêt d'échafaudage la maintient debout.
 
La famille Abu Hasaneen.
 
Raesa Khalel Abu Hasaneen a dix enfants. Leur petite maison a toujours été un peu éxigue; les garçons dormant dans une pièces les filles dans une autre. Mais tout ce qui reste maintenant c'est la cuisine, où certains des enfants dorment juste à côté d'un morceau de grillage où il y avait avant un mur et la salle de bain. " Nous ne pensions pas que cela arriverait ici. Les israéliens disent qu'ils cherchent des tunnels de contrebande d'armes, mais nous sommes trop loin de la frontière pour qu'il y ait des tunnels." " Nous avons entendu le bulldozer et vu les murs trembler. J'ai mis mes enfants dans une pièce, et je suis allée jusqu'au bulldozer et j' ai dit qu'il y avait des enfants dans la maison. Les enfants pleuraient tous. Le conducteur a continué à démolir . Je pleurais et criais et suppliais et agitais un drapeau blanc." " les hommes ont défoncer le mur du voisin pour percer un trou. Ils avaient des morceaux de bois et frappaient frappaient. Ils sont tous venus pour nous aider." La famille a réussi à s'échapper, mais peu de choses ont pu être récupérées des décombres. Quelques lampes à kérosène et la plupart des livres d'école des enfants ont survécu, de même que les meubles de la cuisine et le frigo. Mais tous les lits et vêtements sont perdus. " Les enfants ne veulent pas aller à l'école habillés de la sorte. Ils ont porté ces habits pendant des jours. Ils ont honte" dit - elle. " Cela a été ma maison pendant 22 ans. Je suis venue habiter ici quand j'ai épousé mon mari . il n'y a rien de mieux que cette maison. Maintenant je couche à même le sol, mais je reste ici par dignité. Je n'ai aucune idée comment nous allons reconstruire. Mon mari travaillait dans le bâtiment en Israel mais il n'est plus autorisé à y travailler. Nous n'avons pas d'argent pour reconstruire." " Ils n'ont que méchanceté pour les palestiniens parce que les juifs ne veulent pas reconnaître les palestiniens en tant que peuple. Ils veulent seulement nous détruire."
 
La famille Abu Masod
 
Mohammed Abu Masod dit que le graffiti sur l'enceinte de sa maison  et de son usine n'ont rien à voir avec lui mais qu'il symphatise avec le sentiment qu'il exprime. Bomber sur l'un des étages du bâtiment qui vascille dangereusement depuis que le bulldozer de l'armée a détruit le mur de soutien, une étoile de David à côté d'une croix gammée. L' équation choque profondemment la plupart des israéliens, et les palestiniens le savent. Mais Abu Masod, assis dans les décombres de l'affaire qui nourrissait sa grande famille dit qu'il y voit une abscence d'humanité commune aux deux. " Ils ne nous perçoivent pas comme des êtres humains. Ils n'ont pas d'humanité. Regardez les colons juifs; ils vivent tellement bien et nous vivons dans des conditions terribles à cause d'eux. Et puis le peu que nous avons les juifs le détruisent. Ils ne nous ont même pas donné dix minutes pour partir. Ils nous frappaient au visage. Ils nous appelaient terroristes. Qui sont les terroiristes mainteant?" Un bâtiment sur trois a été démoli dans la rue de Masod par les bulldozers blindés. Tout ce qui reste de son usine qui fabriquait des tapis et sièges de voiture : quelques machines à coudre endommagées, quelques couvertures et un siège de voiture abimé. La famille d'Abu Masod est venue de Wadi Hanin, un village qui n'existe plus, à l'intérieur d'Israel. Wad Hanin a été razé; Mohammed est arrivé à Rafah tout bébé en 1948. Il habitait Ybna en 1973 quand sa maison a été détruite par les bulldozers de Sharon dans ce qui a été aussi appelé une opération anti terroriste. Il a déménagé à Al Brazil. " Nous étions 6 frères quand nous avons construit cet endroit. Maintenant nous sommes 40 personnes vivant dans ce bâtiment," dit il. " Cette petite usine, toute la famille en vivait : les machines, nos vêtements, les meubles, notre or, notre nourriture - plus rien. Nous n'avons même pas récupéré les aiguilles." " Il  y a environ 20 machines à coudre dans les décombres. J'ai perdu des milliers de dollars . Nous avions acheté les machines en Italie. Elles étaient toutes neuves il y a quelques années." Quand les bulldozers sont arrivés, Abu Masod était dans la maison avec deux de ses fils les plus âgés, Jabr, 20 ans, et Masod 16 ans. Il y avait aussi 5 de ses frères et leur 12 enfants, y compris 6 bébés. " Nous étions tous dans la maison. Nous avons agité des drapeaux blancs et nous avons parlé avec le conducteur du bulldozer. Nous lui avons dit qu'il y avait des enfants ici. L'armée a rassemblé tous les hommes, leur a attaché les mains, bandé les yeux, et les a emmené sur la frontière pour les interroger. Les enfants se sont réfugiés dans une maison voisine." La destruction a été minutieuse. Une bâtiment a été complètement détruit, et l'étage construit au dessus de la boutique de couture au rez de chaussée s'est partiellement affaissé et la plupart des affaires ont été écrasées. Au sommet des décombres git un Sycamore qui a été déraciné. " Maintenant je me retrouve à la rue. Je dors ici dans les décombres. Les enfants dorment chez les voisins. Je n'ai pas d'argent pour acheter de quoi nourrir les enfants. Je n'ai pas les moyens de reconstruire. Les vêtements que je portent c'est tout ce que j'ai."
Source : www.aloufok.net
Traduction : Mireillede

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