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INFOS GAZA

L’incursion dans Rafah

Le jeudi 13 mai l’occupant pénètre dans le camp de réfugiés de Rafah pour s’en retirer le samedi 15 dans la matinée laissant derrière lui 14 civils tués dont 2 enfants, 48 blessés et ayant causé des dégâts importants sur le secteur. 11 des victimes ont été tuées par des missiles lâchés par des hélicoptères.

Cette escalade militaire faisait suite à la destruction d’un véhicule militaire par la résistance palestinienne, qui a sauté sur une mine à la frontière égyptienne entraînant la mort de 5 soldats.

Le lundi 17 mai l’occupant lance une offensive tous azimuts sur Rafah sous le nom de « opération arc-en-ciel ». A cette heure où ce rapport est publié (mercredi 19) on compte 31 civils tués dont 7 enfants et plus de 100 blessés dont l’état de certains est critique.

Selon les déclarations officielles de l’armée l’opération doit se poursuivre pendant plusieurs jours ce qui implique de sérieuses menaces sur la vie de la population civile. Les services médicaux ont été empêchés d’accéder aux blessés. Les résidents ont dû souffrir  les dures conditions de vie imposées par la situation : manque des services de base en particulier l’eau, l’électricité et les soins médicaux

Concernant la 1^ère opération du Jeudi au samedi

• Jeudi 13 – 01h15 – Un hélicoptère lâche un missile sur des civils qui étaient dans une des rues du bloc « L » du camp de réfugiés de Rafah : EIHAB YOUSSEF, 19 ans, MOHAMMED AL BOUJI, 19 ans, HANI AL MUGHAYAR, 20 ans, RAMEZ GHALI, 23 ans, HASSAN ‘AWAJA, 18 ans, FU’AD HASHEM, 19 ans et un « non identifié ».  6 autres sont blessés dont 2 dans un état sérieux
• 02h00 – des renforts sont amenés sur la frontière. Des tanks protégés par des hélicoptères pénètrent dans le bloc « O » et bombardent copieusement le secteur. Les bulldozers entrent alors en action. Au cours des destructions 3 civils sont blessés.
• 10h00 – un hélicoptère lêce un missile sur les lieux : SAMI JAZAR, 22 ans, MOHAMMED MOWAFI, 15 ans,  HAMED ABU HAMRA, 18 ans et MAHMOUD AL SIKSIK, 18 ans, sont tués. 8 autres sont blessés dont 7 dans un état sérieux
• 12h00- des renforts arrivent encore. Ils se massent sur le secteur de Al Brazil et commencent par tirer. AHMEDAL YAKOUBI, 19 ans, est tué sur le coup d’une balle dans le dos. Les tirs se poursuivent jusqu’à minuit blessant 6 autres civils.
• Vendredi 14 – l’occupant étend son incursion aux localités de Qeshta et de Al Sha’er et poursuit ses tirs d’obus sur les maisons de la banlieue sud de rafah.
• 06h00- ASHRAF QESHTA, 37 ans, prend plusieurs balles à la tête et à la poitrine alors qu’il et dans sa maison. Il se vide de son sang : on ne peut récupérer son corps qu’après le départ de l’occupant. 13 autres civils sont touchés par balles. 5 d’entre eux sont dans un état sérieux. L’un d’eux, AKRAM AL NAJA, 27 ans, vient de décéder d’une balle dans la poitrine
• Au cours de cette incursion l’occupant a détruit 99 maisons : 72 sont totalement détruites, 27 autres rendues inhabitables ; soir 1.308 personnes (221 familles) sans abri. Ces gens ont rejoint les centaines d’autres familles de ce même secteur dont les maisons avaient été précédemment détruites. En plus des maisons, 23 petits commerces une mosquée et une banque ont été détruits

Concernant la 2^ème opération du lundi au mercredi

• L’occupant boucle la rue principale qui met en communication Rafah-ville avec toutes ses banlieues. Les terres agricoles situées au nord de la ville sont bulldozées. Toute circulation interdite y compris les ambulances empêchant par là même de porter secours aux blessés.
• Mardi –01h00-Un hélicoptère lâche 2 missiles sur le bloc « P ». 3 membres de la résistance sont tués : WALID JAZAR, 26 ans, MOHAMMED AL JINDI, 24 ans et MOHA MMED AL NAWAJHA, 31 ans. 5 autres civils sont blessés dont un dans une situation critique. Plusieurs maisons sont sérieusement endommagées. L’occupant empêche une ambulance de transférer un blessé grave à l’hôpital européen
• 03h00- Appuyé par des blindés et couvert par des hélicoptères l’occupant pénètre dans Tal Al Sultan à l’ouest de Rafah
• 04h00- Un hélicoptère dirige un missile sur HANI QUFFA, 18 ans, militant du Hamas alors qu’il est à proximité de la mosquée Bilal Ben Rabah. Touché il tombe. Les gens qui, comme lui se rendaient à la prière du matin,  se précipitent pour lui venir en aide. Immédiatement un hélicoptère est sur les lieux, lâche 2 autres missiles : TARIQ ‘EID, 24 ans, ISMAI’IL AL BALAWI, 45 ans,  ISMAIL AL BALAWI, 17 ans, MOHAMMED AL SHA’ER, 17 ans et AHMAD AL SHA’ER, 18 ans sont tués sur le coup
• L’infanterie encercle alors plusieurs maisons et les transforme en postes militaires d’où elle peut tirer  à vue sur tout ce qui bouge.  Membres de la résistance sont surpris ZIAD SHABANA, 22 ans s’écroule avec une balle dans la poitrine, ‘EMAD AL MUGHARI, 34 ans, de plusieurs balles à travers le corps et MAHMOUD ABU TOUQ, 34 ans de 2 balles à la poitrine et à l’abdomen
• Les bombardement redoublent d’intensité : SA’ID AL MUGHAYAR, 23 ans meurt de plusieurs balles à la tête et à la poitrine, AHMED AL MUGHAYAR, 10 ans,  d’une balle dans la tête, ASMAA’ AL MUGHAYAR, 14 ans,  d’une balle dans la tête, YOUSSEFGAHWASH, 35 ans,  de plusieurs balles dans la tête, MOHAMMED ZO4ROB, 33 ans, d’une balle dans l’abdomen, IBRAHIM AL QUN, 18 ans, d’une balle dans la tête et TAYSEERKALLOUB, 31 ans,  d’une balle dans l’abdomen. Toutes ces victimes ont été tuées alors qu’elles étaient à l’intérieur de leurs maisons. Les corps sont restés sur place jusque tard dans la soirée, l’occupant interdisant tout mouvement d’ambulance.
• 16 autres civils ont été blessés certains parmi eux saignant pendant plusieurs heures avant que leur soit porté secours.
• Compte tenu de la capacité de stockage des corps à l’hôpital Al Najjar de Rafah l’administration a dû entreposer des corps dans les frigos à légumes de l’hôpital et dans les frigos de magasins voisins.
• Toutes les ambulances qui essayaient  de se déplacer étaient prises pour cibles. 4 équipes d’ambulances ont dû quitter leur véhicule à la hâte au risque de se faire toucher par les balles. Eau et électricité ont été coupées. Arrestations arbitraires et fouilles de maisons, destruction de propriétés et défonçage de terres cultivées ont clôturé la journée
• Mercredi  -( les habitants du secteur, âgés de 16 à 40 ans,  sont sommé »s de sortir de leurs logements en arborant un drapeau blanc et de se rassembler dans les écoles. Alors qu’ils sont en route l’occupant ouvre le feu :  SABER ABU LEBDA, 13 ans est tué d’une balle dans la tête, KHALIL ABU SA’DA, 37 ans, de plusieurs balles à la poitrine et à l’abdomen, SHADIAL MUGHARI, 24 ans, d’une balle dans la poitrine et USSAMA ABU NASSER, 27 ans,  d’une balle dans la poitrine.

Les autres, parqués dans les écoles sont l’objet de traitements dégradants et sont battus puis transférés dans les colonies voisines et les postes militaires pour y subir des interrogatoires. Le soir tout le monde est relâché à l’exception de 3. Au cours de la journée d’autres maisons ont été endommagées.

• Mercredi après-midi – Manifestation imposante organisée par les habitants de rafah et du camp de réfugiés. Des milliers de personnes se rassemblent au cœur de Rafah et entamment une marche pour protester contre cette offensive militaire, direction à l’ouest sur Tal Al Sultan. A 14h10 le début de la manifestation est encore à 500m de l’entrée dans la localité quand un hélicoptère lâche un missile sur la tête du cortège et au même moment les tanks situés de part et d’autre de la voirie tirent des obus et utilisent leurs mitrailleuses lourdes : WALID ABU QAMAR, 10 ans, MUBARAK AL HASHASH, 11 ans, MAHMOUD MANSOUR, 13 ans, MOHAMMED ABU SHA’AR, 20 ans, ALAA’ EID’, 20 ans, FU’AD AL SAQQA, 31 ans, AHMED AL SA’ID, 18 ans et RAJAB BARTHOUM, 18 ans sont fauchés par ces tirs combinés.  Plus de 50 autres civils sont blessés dont 10 dans un état critique.
• Soit pour la semaine : 105 maisons détruites à Rafah – 1.464 personnes (245 familles) sans abri et 23 magasins détruits. A cette heure où nous clôturons ce rapport les opérations militaires se poursuivent. Des renforts arrivent encore et intensifient leur pression sur Rafah et sa banlieue. La ville manque de vivres et des services de base en particulier en électricité et en soins médicaux

Les autres exactions de la semaine

• Vendredi 14 – 16h00-  Posté aux abords de la colonie de Netzarim l’occupant ouvre le feu sur une voiture qui tente de passer. NISREEN AL NABREES, 28 ans, raconte : « J’étais conduite à l’hôpital de Gaza en provenance du camp de réfugiés de Al Bureij où j’habite. Nous roulions sur la route côtière lorsqu’on a été bloqué par un monticule de sable en travers de la route. Le chauffeur essaye de le contourner. L’occupant qui est toujours de veille voyant le manège nous trie dessus. J’ai pris 2 balles dans ma fuite. Les agriculteurs du coin ont aussitôt appelé une ambulance. J’ai accouché le lendemain matin d’un beau garçon. »
• 16h30-  Depuis la colonie de Qatif au N.O. de Khan Younis, l’occupant ouvre le feu sur la localité de Al Zatar – Al Gharbi. ‘AADEL AL ASTAL, 37 ans,  est touché par balle alors qu’il est dans sa maison à 200m de la source du tir.
• 22h00- Les 5 maisons des familles AL MASALHA, situées au N.E. de Al Qarara à proximité du poste frontalier de Kissoufim, sont détruites. 25 personnes se retrouvent sans abri malgré la décision de la Cour – sur demande du PCHR -  de surseoir à ces démolitions. Le mur continue sa progression le long de la route des colons
• samedi 15 – 01h30 – Un hélicoptère lâche 3 missiles au 1^er étage d’un immeuble du quartier très peuplé de Al Rimal à Gaza-ville. Ils explosent dans les locaux de « l’union des infirmières » qui occupe tout l’étage. Dégâts importants. Plusieurs maisons voisines sont endommagées ainsi que des petits commerces. 10 civils sont blessés au cours de cette attaque. Ces bureaux –occupés depuis un an par les infirmières- étaient occupés avant elles par le « Centre de recherches et d’études palestinien » connu pour ses liens avec le Jihad Islamique
• 02h00- Un hélicoptère lâche 5 missiles sur les bureaux de la « Société caritative Al Ansar » situés dans le quartier Al Nasser en plein centre de Gaza-ville. Gros dégâts
• 00h15 – Depuis le poste de Al Tuffah à l’ouest de Khan Younis l’occupant tire sur FATEMA ABU NEMER, 43 ans, qui prend une balle dans l’abdomen alors qu’elle est chez elle à 400m de la source du tir
• 01h30-  Depuis son poste de contrôle de Al Nouria à l’ouest de Khan Younis, l’occupant ouvre le feu sur le camp de réfugiés de Khan Younis. Plusieurs maisons sont endommagées
• 08h00- Depuis la colonie de Kfar Darom l’occupant réplique par balles à des jeunes qui leur lancent des pierres. EYAD KAKIR, 15 ans,  en prend une dans la cuisse.
• 10h15- Dans le cadre de son retrait du camp de réfugiés de Rafah, l’occupant poursuit ses tirs depuis la frontière égyptienne. 8 civils sont blessés dont 2 dans un état critique : MOHAMMED ‘AABED, 14 ans à la tête et AHMED ABU SIAM, 45 ans, à l’abdomen
• Dans la soirée l’hôpital Shifa de Gaza annonce le décès de FCU’AD SHA’BAN, 20 ans. Il avait pris une balle dans la tête le 11 mai lors de l’offensive sur le quartier Zaytoun  banlieue sud de Gaza ville – ce qui porte à 16 le nombre de tués au cours de cette opération.
• Dimanche –00h25- Un hélicoptère lâche 2 missiles sur un « Centre culturel » situé au 1^er étage d’un immeuble du quartier surpeuplé Al Shojaeya de Gaza ville. Un enfant de 13 ans qui dormait est blessé.
• 00h35- un autre missile s’écrase sur les bureaux de l’hebdomadaire « Al Resala » situé au 1^er des 10 étages de l’immeuble. 2 civils blessés. Gros dégâts.
• 06h00- Depuis la frontière égyptienne l’occupant tire sur Rafah Sud – 3 blessés.
• Lundi  Un Hélicoptère lâche 5 missiles sur un immeuble de 4 étages au cœur de Gaza ville. 4 missiles détruisent les bureaux du FDLPO (Front démocratique de libération). Le 5^ème dirigés sur l’étage au dessus explose dans un des bureaux du Fatah. Les maisons voisines sont endommagées ainsi que les commerces de proximité.
• Mardi –08h00- Un hôpital israélien annonce la mort de AYMAN JALHOUM, 18 ans, blessé au cours d’une incursion de l’occupant dans Beit Lahia le mois dernier. Il avait reçu une balle explosive dans l’abdomen.
• 09h45- Depuis la colonie de Qatif l’occupant tire sur la localité de Al Zatar – Al Gharbi. SUHAIB AL FARRA, 54 ans, prend une balle alors qu’elle est à 400m de la source du tir

Le siège

Rien de nouveau depuis la semaine précédente : les postes frontaliers sont tous restés fermés à l’exception de Rafah Terminal qui a cependant maintenu sont interdiction de passage à la tranche d’âge des 16-35 ans.

Les malades devant être hospitalisés en Cisjordanie ou en Israël ont été interdits de sortie. Les médicaments en provenance de Cisjordanie ou d’Israël interdits d’entrée. Les villages côtiers de Al Mawasi et de Al Sayafa connaissent toujours les mêmes contraintes. Les barrages de Abu Houli et de Al Matahen toujours aussi agressifs et humiliants. Le mur en construction le long de la route des colons depuis le poste frontière de Kissoufim jusqu’à ces 2 barrages empêchera bientôt tout passage en dehors de ces 2 barrages.

Chers amis,

L'heure est très grave. Une manifestation de civils qui se dirigeait vers Tell Al Sultan pour protester contre ce qu'y fait l'armée israélienne a été la cible de missiles et de tirs de chars. Au moins, dix personnes ont été tuées et plus de 50 blessées. Même le Jerusalem Post en anglais parle de manifestation de civil. L'armée va enquêter. Les journalistes sur place disent que les escaliers du seul hôpital de Rafah dégoulinent de sang. Avraham Burg parle de bain de sang en parlant de l'opération "Arc-en-ciel dans les nuages".

L'heure est très grave et on voit ici se répéter ce qui s'est passé à Jénine si pas pire. Prenez vos plumes, décrochez vos téléphone, lancez des e-mails aux politiques, aux journalistes, aux associations: il faut agir tout de suite et arrêter l'hypocrise de nos dirigeants. L'heure n'est pas à la diplomatie, la société civile doit montrer ce dont elle est capable. Qu'on arrête de nous prendre pour des gentils idéalistes! Des gens meurent, des gens meurent et il en est parmi eux que vous pourriez connaître.

Merci de m'avoir lue, je ne peux même pas dire que je suis inquiète ou angoissée; je ne sais plus ce que je ressens. A vrai dire, j'ai envie de pleurer, surtout quand j'entends la voix de mes étudiants pris au piège. J'ai envie de frapper quand j'entends des jeunes de 10-20 ans dirent que je ne dois pas m'en faire, que la vie et la mort pour les Palestiniens, c'est la même chose. Ils ont 20 ans.


Marianne