Retour

 

Boycott des produits originaires d’Israël et droit à la liberté d’expression

 

 

Dans « La semaine juridique » N°26 page 1212 :

 

Sans titre gn.jpg

 

 

 

Communiqué du 7 juillet 2020 par AFPS 59/62

 

Avec cette publication juridique mettant en évidence le fait que la CEDH ( Cour Européenne des Droits de l’Homme) vient, par sa décision du 11 juin dernier, défendre la liberté d’expression concernant « un appel au boycott des produits originaires d’Israël », l’auteure, Hélène Surrel, professeure à Sciences Po Lyon, rappelle l’arrêt de cette même CEDH  du 16 juillet 2009, dit arrêt « Willem contre la France » qui condamnait Jean Claude en sa qualité de maire pour « incitation à un acte de discrimination » et non pour des propos racistes ou antisémites.

 

Jean Claude Willem (ancien journaliste) avait appelé au boycott des jus de fruits israéliens dans les cantines de la ville de Seclin dont il était le maire. Cette décision, en octobre 2002, était intervenue au lendemain d’un nouveau massacre israélien à Jénine. Son appel au boycott contre Israël  est la référence fondamentale pour le mouvement progressiste dans le Nord-Pas de Calais et il est la référence internationale en matière de lutte contre l’apartheid israélien et ses crimes. L’AFPS Nord-Pas de Calais dont il était un des administrateurs, en a fait sa référence permanente (voir sur le site https://www.nord-palestine.org/  les différents articles et actions en référence à Jean Claude Willem et à son action).

 

La décision de la CEDH du 16 juillet 2009 intervenait au bout d’un long processus judiciaire où, pour commencer devant le tribunal de Lille, Jean Claude Willem traduit en « justice » par MM Komar et Benssoussan dirigeants de la Communauté cultuelle israélite, avait été relaxé : selon le procureur il n’y avait aucun délit et pas lieu de poursuivre. Cette relaxe intervenait après d’autres où les soutiens du peuple palestinien étaient mis en cause.

 

C’est une décision du Ministre Perben d’aller en appel qui conduit à la condamnation le 18 juin 2003 à Douai. Et l’appel porta sur « une provocation à la discrimination » au sens de la loi 1881. Les militants n’ont pas cessé de le souligner en relevant le paradoxe : ce fut au nom d’une loi instaurant la liberté en France, en l’occurrence la liberté de la presse, que fut condamné Jean-Claude Willem, à 1000 euros d’amende, alors même que les débats montraient qu’il n’était pas possible de le soupçonner d’antisémitisme. Dès cette période l’AFPS Nord-Pas de Calais insiste sur la mise en cause de la liberté d’expression à propos des appels au refus de la politique criminelle israélienne et au soutien au peuple palestinien.

 

Après un échec en cassation, Jean-Claude Willem poursuivit le combat devant la CEDH, d’où la décision de celle-ci le 16 juillet 2009. Cela ne mit pas fin au combat judiciaire, pas plus qu’au combat politique :

 

- politique : Jean-Claude Willem, administrateur de l’AFPS 59/62 participe activement à l’activité de l’association jusqu’au printemps 2012, c’est à dire tant que sa santé le permet, et notamment au combat pour la libération de Salah Hamouri.

 

- politique et judiciaire : l’arrêt de la CDEH en 2009 a été pris en formation restreinte et à la majorité (contrairement à celui du 11 juin 2020 pris à l’unanimité). L’AFPS Nord-Pas de Calais a donc poursuivi le combat politique et judiciaire contre cet arrêt, en vue de la plénière de décembre 2009 de cette Cour.

Elle a mené ce combat avec l’AFPS en tant que telle et c’est en liaison avec la direction de l’AFPS qu’elle a choisi, avec Jean Claude Willem, Antoine Comte comme avocat afin d’intervenir à Strasbourg. Antoine Comte nous a conseillé, en prenant la défense de Jean Claude Willem, d’être très politiques et très offensifs sur la défense de BDS.

 

Ce combat multiforme au cours de l’automne 2009 se mène, comme durant la période précédente dans l’unité avec les partenaires associatifs, syndicaux et politiques et l’appui de l’hebdomadaire Liberté Hebdo (Jean Claude Willem avait été journaliste à Liberté alors quotidien). Une conférence de presse commune est tenue en novembre 2009 à Lille avec la participation de Jean-Claude Lefort alors président de l’AFPS (http://www.nord-palestine.org/art-recom-2009-11-26Libertehebdo.htm)

 

Ce combat échouera à son tour mais le combat de Jean-Claude Willem reste la référence du combat BDS de l’AFPS Nord-Pas de Calais et c’est ainsi qu’à Avion en mai 2016, lors d’un débat sur BDS  auquel prenait part l’Ambassadeur de Palestine en France l’intervention du président de l’AFPS 59/62 prit l’initiative de Jean-Claude Willem de 2002 comme référence de combat.

 

A noter que la condamnation de Jean Claude Willem en juillet 2009 est « la condamnation d’un maire » (voir Hélène Surrel dans « la semaine du droit international et européen p1212 ref 799, in La semaine juridique - édition générale n°26-29 juin 2020). Elle distingue cet appel d’un élu contraint au « devoir de réserve » de celui de « requérants, simples citoyens » (…) qui « avaient cherché à stimuler un débat auprès des consommateurs de supermarchés en appelant au boycott des produits israéliens ».

 

La victoire du 11 juin 2020 implique, comme l’indique le BN de l’AFPS du 11 mars, des « obligations » pour la France, outre les réparations dues aux militants injustement condamnés, rendre caduques « les scandaleuses circulaires dites « Alliot-Marie » et « Mercier » qui pénalisent le boycott citoyen, et affirmer solennellement le droit le droit au boycott contre Israël.

 

Comme les deux derniers congrès de l’AFPS l’ont indiqué, et comme cela est ré-indiqué en vue du prochain congrès en novembre à Saint Denis, l’AFPS Nord-Pas de Calais est très attentive au combat BDS jusque dans les collectivités territoriales. Il y aura certainement des éléments à préciser à ce sujet. En n’oubliant pas qu’en juillet 2013, le procureur de Lille se permettait de sanctionner le maire de Tourcoing qui avait appliqué la décision de son conseil municipal de juin 2010, d’exclure des marchés publics de la ville, les producteurs israéliens et services des colonies israéliennes dans les territoires occupés, qui sont parfaitement illégales. Cette décision du conseil municipal de Tourcoing  avait été prise afin de protester contre le piratage israélien d’un bateau turc souhaitant se rendre à Gaza. Des lillois avaient été victimes de la barbarie maritime israélienne. (voir échos des groupes locaux sur le site national de l’AFPS en date du 7 septembre 2013)

 

L’AFPS Nord-Pas de Calais sera très vigilante, comme elle l’est en permanence, sur le déploiement du boycott des collectivités territoriales contre Israël.

 

 

 

Retour